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 558                     MORT DE M. BALLANCHK.
 moitié de sa vie s'était passée au milieu des orages de la Révolution et des
 douleurs physiques ; la seconde s'écoula paisiblement près d'amis illustres
 et dévoués. Plusieurs des personnes qui ont le plus brillé de nos jours par
 leurs vertus et leurs talents, ont été intimement liées avec M. Ballanche.
 Aucune n'a été séparée de lui que par la mort.
   » Dans les dernières années de sa vie, M. Ballanche s'était créé comme
une société à part dans la grande société française ; il s'y occupait plus des
idées du temps que des faits, il s'y unissait à ses contemporains par les
pensées, par les sympathies, non par l'action ; il n'y restait pas étranger à
leur sort, mais à leurs agitations. C'est là qu'il vécut dans une atmosphère
calme et sereine où pénétraient les bruits du monde, mais où les passions
du monde n'entraient point. C'est là aussi qu'il s'est éteint.
   » Quoique M. Ballanche eût survécu à tous les siens, et qu'aucun de
ses proches ne puisse aujourd'hui nous accompagner à ses funérailles, nous
ne saurions le plaindre. L'amitié avait depuis longtemps remplacé pour lui
et peut-être surpassé tout ce que la famille aurait pu faire.
   » Pour nous, Messieurs, qui venons de rendre         un dernier hommage à sa
mémoire, nous rapporterons de celte cérémonie            un souvenir triste, mais
salutaire et doux : le souvenir d'un homme qui a        bien vécu et qui est bien
mort, d'un écrivain dont la plume désintéressée          n'a jamais servi que la
sainte cause de la morale et de l'humanité. »


   Discours de M. Victor de Laprade.

    Cher et vénéré maître, vous aviez conservé une louchante affection pour
 voire ville natale ; membre de la plus illustre Compagnie littéraire de la
 France et de l'Europe, vous cherchiez toutes les occasions de parer de votre
nom notre modeste académie lyonnaise. Votre vieillesse si souriante aux gé-
nérations nouvelles ouvrait des trésors tout particuliers de tendresse et de
lumière aux jeunes ouvriers de la pensée qui venaient à vous de notre sé-
vère et laborieuse cité. En cet instant des adieux, vous regretteriez, si elle vous
manquait, la douceur d'une parole venue de ce pays de votre jeunesse
et de vos douleurs. Si j'ose à mon tour saluer votre tombe autrement
qu'avec le cœur, c'est que je parle au nom de tous vos amis lyonnais, de
tous vos disciples, d'une Compagnie qui perd en vous ce qu'elle avait de
plus éminent.
  Cher maître, si belle que soit votre renommée présente, vous n'avez pas été
de ceux qui assistent vivants à tout l'épanouissement de leur gloire ; c'est à une
époque plus attentive que la notre qu'il sera donné d'épuiser le sens profond de