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                        MORT DE M. BALLANCHIî.                              559
vos écrits, de s'abreuver de toute la poésie de ce beau style qui renferme
les plus mystérieux parfums du sentiment chrétien et de la pensée mo-
derne dans les contours harmonieux et purs de la forme grecque. En
vous, l'avenir honorera le grand esprit, de plus que lui nous avons res-
piré la belle âme. Tous ceux qui vous ont approché le savent, on se sentait
meilleur auprès de vous ; il n'était même pas besoin d'entendre votre
voix pour subir cette influence de votre cœur. Certains justes sont comme
les sanctuaires dont le silence même nous remplit de religieuses émotions.
   Il y avait dans votre esprit, dans sa sérénité, dans sa simplicité charmante,
dans sa tendresse quelque chose de plus que chez les hommes les plus sages
et les meilleurs. Votre vertu était d'une nature toute adorable et toute
divine, c'était à la fois une innocence conservée et une sagesse acquise.
Chez vons la docte vieillesse était restée parée de cette candeur et de
ces grâces qui chez les autres ne survivent pas à l'enfance. Vous saviez
sans doute que le mal existe, mais vous sembliez ne l'avoir appris que
du raisonnement, voire cœur ne xous en avait rien dit, l'expérience des
hommes elle même n'eût pas suffi à vous en convaincre.
    Surprit-on jamais en vous un mouvement de haine et d'ironie? Et quel
dévouement, quelle constance, quelle idéale mansuétude dans vos affections .'
 Ce qui ne fut chez les plus grands poètes qu'un rêve sublime de l'ima-
gination, fut la règle et la pratique journalière de votre cœur. Si sereine
et si rayonnante que soit aujourd'hui votre âme dans le séjour de la paix,
nous avons peine à nous la représenter plus aimante et plus pure que nous
l'avons vue sur cette terre des souillures et des combats.
   Comme il est vrai que nous ne vous avons jamais quitté sans nous
sentir plus portés vers le bien, telle sera encoréia consolation que nous em-
porterons de celte séparation suprême. Nous n'avons plus de vœux à former
pour vous, nous n'avons plus qu'un hommage à vous rendre, c'est de con-
former notre cœur à ce que le vôtre nous enseignait.
   Cher et vénéré maitre, vous aimiez à savoir que votre souvenir se
garde dans voire ville, il vous sera doux d'accueillir le tribut de ses
regrets. Celui qui parle en ce moment n'est pas le seul Lyonnais que
vous ayez soutenu de votre bonté paternelle, dans les voies difEciles de
la pensée, son cœur ne sera pas le seul à porter votre deuil. Recevez
donc l'adieu qu'il vous adresse au nom de toutes vos amitiés lyonnaises,
au nom d'une Compagnie qui n'aura pas de soin plus cher que celui de vo-
tre gloire, au nom de tous ceux en qui vos exemples et vos écrits ont
agrandi le sentiment de cet idéal que vous possédez aujourd'hui dans
toute sa plénitude.
      Cher et vénéré maître, adieu !