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546 DE LA PRIÈRE. tes prescriptions de la Religion ! Elle avait donc fouillé avant nous jusqu'au fond de l'ontologie. Voyez si les principes de la morale ne sont pas la traduction exacte de ces lois de l'être ! Ne dit-elle pas qu'il faut se perdre soi-même pour se sauver? Car au fond de toute la morale il n'y a que le sacrifice. D'a- bord, elle forme la volonté par la vertu ; puis, elle \eul qu'on offre à Dieu cette volonté alors libre et toute faite. En deux termes, voici toute la Religion : former son cœur et l'offrir ù Dieu. Mais voilà , également endeux mots, toute l'ontologie— Qu'elle est profonde la Religion qui a su tout cela, et qui a su le mellre dans la nature humaine avant que notre propre pensée ait pu l'y apercevoir ! Le christianisme est la religion de la raison dans toute sa force; il éprouva toujours beau- coup de difficultés devant les petits esprits. Le Christianisme est la religion de l'être. II est l'applica- tion de l'absolu.... Le christianisme reconstruit l'infini dans notre cœur.,.. Ah ! qu'a-t-on pu lui demander pour qu'il fut plus divin? je vois qu'il fait faire à l'homme tout ce qu'il faut faire pour le sauver ! Les esprits qui veulent le juger ne sont point encore à sa portée. Ils demanderont si, en définitive, c'est ati cœur ou à la raison de décider de la foi?.. La raison ne voit que ce qu'on met à sa portée : c'est au cœur à la tenir élevée vers l'infini (1). Pourquoi est-il des moments où la pensée comprend tout, et d'autres où tout disparaît de son disque? Il y a donc cer- taines positions où se met l'âme? Avant de regarder dans la raison, il faut savoir sur quel objet son champ fut fixé par l'amour... (i) Si la foi venait de la raison, il n'y aurait que les philosophes pour croire, le peuple en serait incapable. Or, c'est tout à fait le contraire ! Le fait est assez frappant....