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DE LA PRIÈRE. 545 pas de la liberté.... Possède seul la liberté celui qui peut en la perdant la ressaisir ! La création n"est qu'une condescendance au relatif.... Car si Dieu désirant, par exemple, prouver l'impossibilité de la création, eût dit: —j'offrirai à l'homme l'alternative, afin que ce qu'il aura choisi soit éternellement choisi, l'homme ne doit être libre qu'une fois! — Dieu, alors, serait tel que l'a compris la pensée sans amour. Dieu n'a pour but dans toute sa création que d'amener librement ses créatures à l'amour, félicité de l'être. C'est dans ces vues que l'Absolu vînt faire l'essai du relatif. Or le propre du relatif est de se réparer sans cesse, par cela qu'il n'est pas l'absolu. Il faut que le moi ait la puissance de se sortir de lui-même, pour porter son individualité au sein de l'existence éternelle. Mais le moi, faible, retombe en lui-même à chaque instant. Cependant il faut que l'être expose l'être pour le retremper à sa source. C'est dans cet acte qu'il prend l'énergie avec la- quelle il se serait lui-même créé, s'il avait été créateur. Le sacrifice, ou l'acte par lequel l'être expose l'être, fonde sa personnalité. Pour exposer son être par le sacrifice, l'homme est obligé de se sortir de lui-même; cette projection hors de lui ne peut être que de l'amour. Or le sacrifice est exactement l'opposé de l'orgueil; c'est en cet acte répété que le relatif prend peu à peu le mouvement vital de l'absolu. Qu'est-ce donc en soi que l'orgueil? Le mouvement en sens inverse de l'être. Qu'est-ce donc en soi que l'amour? Le mouvement même de l'absolu. L'amour est une force, et non pas une impatience; un élan dans l'infini, et non un retour en soi. C'est en se donnant que la substance prend part à l'absolu.... Au*si, tout don est-il réjoui dans l'amour ! Comparez maintenant à ces notions sur l'être les élonnan- S5