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540                      DE LA PRIÈRE.

y a d'hommes perdant le besoin de s'unir à l'infini, ne voulant
vivre qu'en eux-mêmes.
   Vivre en soi, quand on n'est que le relatif!...
   Qu'est-ce donc que l'orgueil pour les âmes? le refus de
passer par les précieuses lois qu'a disposées l'auteur des êtres
pour qu'ils puissent arriver à lui et jouir de la félicité absolue.
Et qu'est-ce donc pour elles que l'amour? La force d'en-
trer dans ces lois.
   Que le relatif y prenne garde ; l'infini que lui doit-il !
Ne jouons pas avec la vie : l'être a-t-il besoin de nous!...
Ah ! que la liberté frémisse devant le pouvoir redoutable
que lui a remis l'absolu ! !

   La chute s'est faite, il est vrai, en vertu de la force interne
propre à l'être et inséparable de l'être, force qui tend à la
vie absolue. Seulement le relatif s'est aussitôt saisi de cette
force d'une manière aveugle, et toute contraire à la loi de
l'absolu.
   Avec ce besoin nécessaire de l'être à la vie absolue, l'hom-
me avait reçu dans son cœur un amour suffisant pour le por-
ter vers l'infini, et non pour le faire revenir en lui-même.
Rester en lui-même, c'est la grande sottise du relatif!
   Si les animaux avaient été doués de liberté, ils n'eussent
pas manqué de commettre la faute du premier homme. Ils
eussent aussi tenté d'entrer dans le bonheur de l'être sans
passer par le sacrifice de leur être. Telle est la petitesse du
créé !!
   Le mal est dans le fait du relatif, du relatif revenant en
lui-même. Le mal dérive de l'impatience où est l'être de se
procurer le bonheur. Le premier effort de l'essence libre
 a été de briser les portes du temps pour rentrer de force
dans l'absolu.
   C'est là le mal pour le relatif, puisqu'il s'échappe des