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                        DE LA PRIÈRK.                       5 V1

conditions soigneusement préparées pour que son être
réussisse. L'impatience est toute d'un être qui n'a encore rien
ressenti d'éternel en lui !
   Celte impatience prouve la force de son désir, mais la fai-
blesse de son être. Or le temps lui a été précisément donné
pour que son être prenne la force de son désir, c'est-à-dire
que son moi prenne la force de l'amour qu'il trouvera dans
l'absolu.
   Le mal se comprend donc parfaitement. On serait tenté
d'excuser la nature humaine en faveur du mouvement à l'ab-
solu qui l'emporte, si l'on ne voyait aussitôt que c'est l'ab-
sence de l'amour qui en imprime la direction.
   Àh ! ne faudra-t-il pas à jamais blâmer la toute faiblesse
de cette liberté : liberté, loi qui reçus en dehors de l'absolu
le droit de porter l'être!... Quel déshonneur profond pour le
relatif; quelle honte devant l'existence éternelle!

    Or, par suite de la liberté indispensable de l'âme, Dieu n'a
pu pénétrer en elle pour l'entretenir et la développer contre
son consentement. C'est en cela que l'homme a le moyen de
se stériliser par l'orgueil.—Dès lors, toute celle vie a dû èlre
organisée pour prévenir l'orgueil et nous former à l'absolu.
    La volonté a faibli: il faut un obstacle de plus pour for-
tifier et rétablir la volonté! Le cœur s'est enflé: il faut une
humiliation de plus pour conlrister cl abaisser le cœur! Cet
obstacle de plus offert à la volonté, c'est le travail... Celle
humiliation de plus offerte à son cœur, c'est la douleur...
    Le travail, le pénible travail ! vient à tout instant obliger
la volonté à produire des efforts. La douleur, l'horrible dou-
leur! vient à tout instant rappeler au cœur sa triste dé-
pendance. L'un rétablit pièce à pièce la volonté, l'autre
enlr'ouvre jusqu'au fond le cœur.
    Puis, vient la suprême peine et la suprême humiliation, la