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DE LA PRIÈRE. 539 n'est pas l'essence suprême, il n'y a rien ; el que là où elle se retire, l'existence également se retire. Tout l'être se meut par la force même de Dieu. Cette force devra faire prendre à notre être une direction en quelque sorte infinie , ce sera vers le bien ou vers le mal. La liberté, qui spécialise l'être en nous, décide de cette di- rection. Par cette force, l'homme (end à devenir ce que l'essence dont il est formé est dans sa source éternelle. S'il tend à le devenir en se subordonnant à celte source éternelle, il y a amour, el c'est là le plus grand bien de l'être. Mais s'il tend à le devenir en voulant se subordonner cette source éternelle, il y a orgueil, et c'est là le plus grand mal de l'être. Car l'amour est la vie de la substance, et l'orgueil en est la dissolution. L'orgueil esl justement le contraire de l'absolu. Il rentre en soi, au lieu de se répandre dans l'être. L'orgueil étein- drait l'action de la substance ; c'est le mouvement opposé à celui de l'infini. Si l'orgueil eût été dans la substance à la place de l'amour, la substance n'aurait pu retrouver son unité ni son identité infinies : l'absolu n'eût pas existé. L'orgueil serait la mort pour l'absolu ; jugez donc pour le relatif! Chez la créature spirituelle, l'orgueil consiste dans ce fait de ne plus considérer Dieu comme le conservateur et le sou- tien vivant de l'âme. L'orgueil veut exister en soi et par soi. 11 laissa donc cheoir le relatif. La chute pour l'homme n'est que le refus de religion. Et toutes les âmes qui vivent encore en dehors de la religion, c'est-à -dire en dehors de leur rapport avec Dieu, ne font que retomber dans la Chute. Combien donc commettent aujourd'hui ce crime contre l'être, et se remettent dans la position d'Adam? autant qu'il