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DE LA PRIÈRE. 52â
des organes tous matériels, c'est par suite d'une propriété qui
lui a été monlanément donnée pour qu'elle s'exerce au milieu
de la création. Mais lorsque ma volonté imprime une action
sur la sphère de la réalité intelligible, c'est un fait qu'elle ne
peut pas plus empêcher que leflotqui se soulève dans la mer
peut ne pas en agiter la surface de flots en flots jusqu'aux
lointains rivages. C'est dans celte divine sphère delà Réalité
que la volonté agit immédiatement et avec toute sa puissance,
carc'est là seulement qu'elle agit dans un monde spirituel
comme elle, et que ses actes, y trouvant leur but définitif, se
réalisent substantiellement.
Quand la conscience prescrit un bien à la volonté contre
toute humaine prudence, et même contre tout motif de réus-
site et d'intérêt, c'est alors que se révèle parfaitement Ã
l'homme le grand mystère de cette autre vie. Faire le bien sans
égards aux résultats terrestres, c'est la prescription d'une loi
qui ne vient point de la terre. Tous les êtres ont des instincts
sûrs pour les mener à une fin qu'ils ont la satisfaction d'at-
teindre; l'homme seul trouve continuellement entre ses pro-
fonds instincts de justice et ses intérêts évidents pour ce
monde une effrayante opposition. La discordance est telle en-
tre les prescriptions de la conscience et les instincts du moi
que les méchants travaillent à étouffer les premières. Ce fait
n'a point lieu chez les animaux ; ils ne trouvent pas en eux
une loi dont les prescriptions dépassent cette vie.
Puisque les instincts les plus profonds de l'homme ne trou-
vent point leur satisfaction sur la terre; puisque la loi à la-
quelle ces instincts se rapportent n'y trouve point son accom-
plissement; comme toute loi régit son être pour son bien,
que tout être a son instinct et tout instinct son but, il est
donc un autre monde qui est fait pour cette loi et pour ces
instincts, un autre monde où ils trouvent leur but et leur
accomplissement. C'est dans ce Monde intelligible que la vo-