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526 DE LA PR1ÈBE.
lonté produit réellement ses actes, qu'ils apparaissent ou non
dans ce monde visible.
C'est pourquoi, disait Fichte, ce Monde intelligible est le
but qui se trouve au bout de chacun des commandements
que nous fait la conscience. Comment le monde visible, où
l'intention, le fait moral ne sont comptés pour rien, pourrait-
il être le domaine de la loi morale et renfermer le but que
celte loi m'ordonne d'atteindre? Si la destination de l'homme
était seulement de se créer sur la terre une condition meil-
leure, il suffirait que les actions humaines fussent dirigées
mécaniquement ; la liberté serait non seulement inutile, mais
funeste à l'homme, et l'intention serait de trop. Pourquoi
dans ce cas le Créateur nous aurait-il doué d'une liberté qui
nous met en contradiction avec ses éternels desseins ? pourquoi
ne nous aurail-il pas prédéterminés à agir comme il faudrait
que nous agissions pour que tous ses desseins s'accomplis-
sent ? Mais je suis libre : par conséquent ce n'est pas l'acte
matériel, mécaniquement exécuté, ne dépendant sous ce
rapport qu'Ã demi de moi, qui fait le prix et la valeur d'une
action, c'est bien l'acte moral, c'est-à -dire la libre détermi-
nation de ma volonté, qui toujours dépend de moi. Il se
trouve au delà de cette terre un lieu où cette obéissance de
ma volonté à sa loi porte nécessairement ses fruits. Alors je
conçois que la volonté doit être pour ce Monde intelligible
tout-à -fait semblable dans ses effets à ce qu'est le mouvement
dans le monde matériel. Je conçois qu'il doit suffire qu'une
volonté quelconque existe en tant que volonté, lors même
qu'elle n'a pu se manifester d'une façon extérieure, pour
qu'elle devienne dans ce Monde intelligible la cause d'une
multitude de modifications spirituelles qui retentissent jus-
qu'aux dernières limites des espaces intelligibles : absolument
de même que dans un autre monde visible, au moindre mou-
vement de la plus petite portion de matière se rattache diver-