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520                      DE LA PRIÈRE.

 l'humililê, qui n'est que l'édification en soi de l'amour.
    Vous le sentez bien ! celui qui est humble, ne l'est que
 parce qu'il aime, car pour se soumettre il faut aimer. Celui
 qui est humble, ne l'est que parce qu'il aime, car pour se
 voir plus petit que tous ses semblables, il faut les aimer. Ce-
 lui qui esl humble, ne l'est que parce qu'il aime, car pour ne
 pas s'aimer soi-même, il faut avoir le bonheur d'aimer. En-
 fin oui, celui qui est humble, ne l'est que parce qu'il aime, car
 jamais il ne se plairait tant à tomber dans cette pâmoison du
 moi qu'on appelle l'humilité, s'il n'avait tout son ravis-
 sement dans l'amour !
    Celui qui n'aime pas se reconnaît à la vanité, c'est-à-dire
 au vide de son cœur. Car lorsqu'on ne se remplit que de soi,
 le cœur ne se remplit pas... ce sont les langues qui ont
 nommé cela le vide. C'est de ce vide du cœur, qui le tourmente
 comme la faim, que naissent l'envie et la haine. On ne ren-
 contre dans le monde ces cœurs durs qui se portent à toutes
les extrémités de l'ingratitude, que chez les personnes d'une
complète vanité. Souvent l'imagination produit merveilleu-
sement chez les personnes jeunes tous les simulacres de l'a-
 mour, car l'amour est si beau ! mais ce n'est pas à quelques
 pensées, c'est aux actes qu'on voit le cœur.
    Vous reconnaîtrez à l'humilité celui qui aime. Il aime, son
bonheur est si grand qu'il dépasse son moi; son amour est
si pur qu'il consume son moi ; son amour prît si bien toute
la place de son âme qu'il ne sent plus son moi: il est dans
l'humilité.... Il esl dans l'humilité parce qu'il s'est oublié
dans l'amour.
    Ah ! l'amour est tant, qu'on ne voudrait plus être soi-même !
on ne se sent plus que comme un don, et l'on n'aspire qu'au
sacrifice de tout son être à l'objet aimé. L'amour est tant, que
l'on ne veut plus s'appartenir à soi-même ! on ne se sent plus
que comme celui qu'on aime, et l'on brûle d'être en lui