page suivante »
516 DE LA PRIÈRE. dans l'humilité la première condition de sa liberté morale. (Celui qui s'imagine posséder la vertu, ne la cherche plus ; îl s'endort fier et tranquille sur le présomptueux sentiment de sa force. Au contraire, toute volonté cherchant à obtenir une plus grande vertu, s'avoue par là même qu'elle ne possède point encore assez cette vertu ; et comme la vertu ne se fixe complètement dans le cœur qu'à la suite d'une longue et constante habitude du bien, toutes les bonnes déterminations par lesquelles l'homme arrive à la vertu, ne sont qu'un long et constant acte d'humilité morale. Quand, par suite de l'orgueil, l'homme est persuadé qu'il possède suffisamment telle vertu qu'il n'a pas, il en résulte que non seulement il ne pratique point cette vertu, mais qu'il ne pense plus à faire des efforts pour réellement l'ob- tenir : de là , l'orgueil maintient dans le vice. (1) Quand, par suite de l'humilité, l'homme pense ne jamais assez posséder telle vertu qu'il a déjà , il en résulte que non seulement il est possesseur de celte vertu, mais qu'il travaille encore à la dé- velopper en lui : de là , l'humilité conduit à la sainteté. L'humilité fait la grandeur de l'homme. Tous nos senti- ments élevés ne sont que de l'humilité. L'admiration, par exem- ple, est l'humilité de l'esprit devant une chose qui lui paraît tellement au dessus de lui qu'il sort de lui-même pour porter son cri de sympathie au dedans de cette chose. La générosité, c'est un oubli sur son propre droit pour ne reconnaître que le mérite d'aulrui! Le dévoûment, c'est le renoncement du moi devant l'importance d'un autre! La vaillance, c'est le parti pris de sacrifier sa personne, s'il le faut, pour un but que l'on con- sidère comme supérieur à soi ! Aussi l'humilité empreint la personne de toutes les marques de la dignité. L'humilité est la source des grands caractères. Dans l'hu- (i) Superbia proccedit ruinant, et humilitas gloriam. SALOMON.