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51* DE LA PRIÈRE. lant a recevoir et à attirer, si notre Dieu n'avait dit : Que c'est chose plus heureuse de donner que de recevoir. » La prière, fille de l'humilité, est toute naturelle à l'homme; elle est le cri de sa faim intérieure! L'âme, placée dans la création, a besoin de l'aliment intelligible, comme le corps, de l'aliment sensible ; et, de même que celui-ci perd ses for- ces et sa vie aussitôt qu'il en est privé, de môme l'âme ne saurait vivre et se développer longtemps sans la prière. La prière est la réfection de l'âme épuisée. L'élan de la prière part de l'instinct môme de la vie, c'est l'esprit de con- servation de l'âme; instinct profond et onlogénique de l'être. Le désir est l'appétit de l'âme, son mouvement spontané à la vie. Le corps a faim, mais l'âme a bien faim davantage; car toute âme qui ne possède pas Dieu tombe nécessairement dans le besoin de l'être, et ne peut pas ne pas éprouver celte ' grande et immortelle faim. Il faut comparer l'âme qui prie à l'enfant qui telle sa mère. La prière monte et la grâce descend ; car la grâce est la subs- tance divine qu'attire en nous la prière, et l'aliment dont l'âme se nourrit. Nourri par Dieu, l'être spirituel retrouve la santé, c'est-à -dire l'amour et la liberté morale. La prière étant l'acte de l'humilité, l'humilité est comme l'ouverture par où la substance de Dieu pénètre dans l'âme. Aussi le contraire de l'humilité étouffe-l-il bientôt l'âme. Comme nous l'avons reconnu, l'orgueil étant le sentiment de la plénitude de soi-même, par suite d'un amour rentré, Dieu, qui ne peut violer la liberté humaine, n'a plus le moyen de pénétrer dans l'être dont l'acte d'orgueil consiste juste- ment à repousser tout secours, toute vie étrangère. Et l'expé- rience nous montre les orgueilleux se laissant aller aux plus viles faiblesses. L'humilité, étant l'inverse de l'orgueil, produit également un effet opposé. L'humilité est le sentiment devant Dieu de