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LETTRE A M. DE LAMARTINE SUR SON HISTOIRE DES GIRONDINS. Je viens de lire le IVe volume des Girondins. Me permettrez-vous, maître, de vous dire mes impressions ? je ne suis qu'un obscur penseur: mais, je le sais, vous vous réjouissez de toute âme qui entre en com- munion avec la vôtre : vous allez au devant d'elle avec bonté, parce que vous sentez combien elle va trouver de lumière, de force et de bonheur dans ce commerce avec votre génie. Dernièrement, je lisais dans un journal : « la France doit être flère d'avoir vu produire une telle œuvre par un de ses enfants » ce n'est point la France seule, mais l'humanité qui a le droit de s'en- norgueillir : car c'est pour elle que vous avez écrit, et son esprit s'est incarné dans votre livre. Où donc avez-vous trouvé ce dessin correct et grandiose comme l'antique, et ces couleurs si variéess, si énergiques et si étincelantes ? de qui tenez-vous cette géométrie profonde et sûre qui assigne à chaque chose, à chaque homme sa mesure et sa place dans le plan en apparence si désordonné des révolutions ? d'où vous est venu ce souffle puissant qui ressuscite les générations éteintes, et leur redonne une voix pour raconter à l'uni-