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418                     BULLETIN MONUMENTAL
rang dans le monde, immédiatement après Saint-Jean-de-Latran,
est un milieu si profondément hiératique que le fidèle même qui on
a franchi le seuil, se sent comme initié à la liturgie. Sonnerie,
costumes sacerdotaux, chants, évolutions du clergé, langage, tout
est ici frappé d'un sceau liturgique qu'on ne trouve pas ailleurs :
aussi la vieille séparation des sexes dans la primitive basilique, la-
tine, imitée de ce qui se pratiquait en Orient, est-elle encore au-
jourd'hui, sinon rigoureusement, observée du moins sensiblement
esquissée, à Saint-Jean (1), dans cet empressement des hommes à
se grouper dans le chœur, à se confondre avec le clergé, à affluer jus-
que sur les marches de la sainte Table. Édifiante et touchante fusion
des fidèles avec les prêtres ! Oh ! avec quelle effusion, en revenant
 de Rome pour la cinquième fois, il y a quelques jours, en quittant
 ces basiliques sans vitraux peints au-dedans, sans contre-forts à
l'extérieur, la plupart inscrites et enveloppées dans des façades
 de palais, comme Sainte-Marie-Majeure, ces somptueuses églises
 pleines d'or, de marbres, de pierres précieuses, de peintures et do
 lumière, dont un ciel sans demi-teintes embrasse les coupoles, avec
 quelle émotion j'ai retrouvé, à Saint-Jean do Lyon, le sens si large-
 ment développé de la cathédrale française ! Quel calme dans cette
 majesté, que de mystère dans ces lointains créés par l'architecture,
 quel recueillement produit par celte sainte obscurité,quelles expres-
 sions morales, dans ce lieu, de chants chrétiens et de prières !
   S. E. Mgr. le Cardinal de Bonald a eu une heureuse pensée, c'est
de former dans la sacristie de sa basilique primatiale un musée, un
trésor historique. La collection d'objets précieux par l'âge, le tra-
vail ou la matière est déjà nombreuse et choisie. Le même pontife
a fait exécuter, sur le modèle de celle conservée à Cologne, une
crosse de petite dimension, comme celles du moyen-âge, et qui ne
ressemble point du tout à ces crosses monstrueusement hautes
et brusquement contournées que le mauvais goût a mises aux mains
de nos évêques. Ce beau travail a été exécuté à Lyon avec cette
conscience, ce bon goût, cette finesse qui caractérisent presque

   (i) A N. D. de Monlluel (Ain), la tradition de cette séparation s'est main-
tenue d'une manière plus ostensible : la nef, à droite du spectateur, est parti-
culièrement et exclusivement affectée aux hommes.