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                              DE LYON.                            415
d'une profilation accentuée qui étaient de rigueur, on a mis là des
espèces de corbillons-consoles du plus mesquin effet, de dimensions
trop petites. Tout dans celle œuvre sent l'aride faire de l'ingénieur,
rien ne révèle le goût d'un architecte. Il y aurait toutefois moyen
de corriger un peu ces défauts à l'aide de tables renfoncées prises
dans les deux faces et dans les tympans : on donnerait quelque jeu de
lumière, quelque caractère à ce tout, et il ressemblerait moins
littéralement à une nappe blanche.

                                VIII.

                           EUE CENTBALE.


    Malgré les rêves d'or qui président au percement de cette voie,
et font croire à beaucoup de nos frères qu'elle sera un lit somptueux
où le Pactole coulera à pleins flots, je suis, moi, je l'avoue, un ami
froid de la rue Centrale. D'abord, je vois avec peine qu'on va
porter un coup mortel à cette vieille rue Mercière, centre de
l'ancienne librairie lyonnaise, symbole de la cité lyonnaise, cou-
sue de ces servitudes qui rappelaient les mœurs fraternelles et
confiantes du moyen-âge, percée de ces obscurs et froides allées qui
ont quelque analogie avec les catacombes de Rome. — La rue Mer-
cière, c'était essentiellement pour moi le Lyon de la fin du moyen-
âge, se résumant dans sa paroisse-commune de Saint-Nizier. — La
 grand'rue Mercière devenue un désert, je ne comprendrai plus ses
 souvenirs, je ne retrouverai plus ces vieilles boutiques à l'enseigne
 faisant image et nos chères traditions du XVI" siècle. Toutefois, il
 faut ouvrir la place aux idées du siècle, et le siècle vient faire la
 plus large trouée qui ait jamais été conçue au cœur du vieux Lyon.
 Les démolitions dans les pâtés des maisons entre les rues Tupin,
 Ferrandière, Thomassin, se poursuivent sans relâche. Nous aurons
 sans doute une rue large, pleine d'air et de lumière, splendidement
 bâtie; mais pourquoi n'avoir pas pensé, pour la rue des Bouquetiers
 et la Boucherie des Terreaux, aux conditions de salubrité, d'insola
  tion et surtout de magnificence qu'on veut donner à la rue Centrale?
  M. Savoie, j'en suis sûr, me pardonnera ma franchise. — J'ai tou-
  jours, à Lyon, défendu la cause du pauvre et de l'opprimé, et en