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                      VOYAGE A VIENNE.                       379

soin de rien : croyez-vous donc que nous venons toujours
pour vous demander quelque chose ? Nous sommes venus
seulement pour vous voir de près ; car le bruit courait que
vous étiez malade. »
   Quelques années avant la un de sa vie, ce vieux pasteur
des peuples, pour me servir d'une expression qui convient
à son caractère, fut atteint d'un mal grave. Toute la capi-
tale en fut profondément affectée. Il n'y avait plus de joie
dans celte ville de plaisirs. Par respect pour l'inquiétude
publique, Strauss se taisait ! On ne s'abordait que pour se de-
mander s'il n'avait pas paru un nouveau bulletin de la santé
du malade. On stationnait en foule aux abords du palais pour
interroger ceux qui en sortaient. Toul-à-coup, au milieu de
cette anxiété, on apprend que les médecins ont permis, pour
le lendemain, une promenade, sous condition expresse que
la voiture irait au pas, et surtout que les glaces resteraient
rigoureusement fermées. Toute la ville se leva comme un
seul homme et se porta aux abords du palais et sur le pas-
sage de la voiture. On ne criait pas ; on ne poussait pas des
vivat désordonnés; maison interrogeait de l'œil ; on épiait
à travers les glaces de la voilure pour juger des progrès du
mal sur le visage pâle du malade. Ce n'était point vaine et
banale curiosité; c'était véritable intérêt et sincère affection.
L'empereur, profondément ému, s'inclinait à chaque instant
et portail la main sur son cœur. Enfin, n'y tenant plus, il
voulut une fois baisser les glaces, malgré la résistance du
médecin qui l'accompagnait. Alors le peuple qui s'en aper-
çut criait : non, non, empêchez-le ! retenez-le ! Il va pren-
dre froid ! et deux hommes s'étaient élancés pour retenir,
en dehors, le vasistas tiré en sens contraire par ce bon
monarque et ce bon peuple qui s'entendaient et s'aimaient
si bien? Enfin l'empereur fut forcé de céder à celle douce
contrainte. Sans pouvoir parier, il monta avec peine l'es-