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380                  VOYAGE A VIENNE.

calier du palais, ému jusqu'au* larmes, heureux de tant
d'affection, malheureux de n'avoir pu répondre comme il le
voulait à ces touchants témoignages.
   J'ai cru devoir raconter ce fait, quelque minime qu'il pa-
raisse, parce qu'il est bien autrichien, et donne une idée
précise et juste des rapports affectueux, et, pour ainsi par-
ler, intimes qui existaient, à Vienne, entre l'empereur
François et ses sujets. Il m'a paru que ceci avait un sens ho-
norable des deux côtés. Des esprits sévères diront peut-
être que ce sont là des puérilités monarchiques ; qu'un
peuple constitutionnel ne peut aimer ainsi un monarque
conslitulionel, qui n'est que la loi en action. Je crois bien
que ce n'est pas ainsi qu'on aime la loi ; mais je dis qu'il
faut qu'un homme ait de grandes qualités et de hautes ver-
tus pour inspirer un tel attachement, qui n'est pas dans nos
mœurs et qui n'est plus de notre époque. D'ailleurs quelle
voix peut s'élever plus haut que la voix d'un peuple quand il
s'agit de témoigner pour ou contre un souverain ? Ne veut-
on donc que l'écouter maudire, et faut-il repousser son té-
 moignage quand il bénit i
    Vers la Gn de la campagne de 1809, les armées françaises,
 amplement victorieuses et n'ayant plus rien à demander aux
combats campaient dans le Marckfeld, aux portes de Vienne.
 L'occupation de celte capitale était imminente. Le malheu-
reux prince Charles, battu sur tous les points, ne pouvait plus
 rien pour la sauver. Une sombre consternation régnait dans
 les rues. Une simple calèche attelée de deux chevaux les tra-
 versait en se dirigeant vers le palais impérial. Une pauvre
 femme qui vendait des pommes au coin d'une rue, ayant, par
 hasard, jeté les yeux sur les deux personnes qui étaient dans
 la voiture, se mit à crier, en joignant les mains : mon Dieu
 c'est l'empereur ! c'est Vempereur !
    C'était bien lui; la bonne femme ne se trompait point : il