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372                        VOYAGE A VIENNE.

comme le soleil qui n'éclaire jamais une moitié de notre
globe sans laisser l'autre partie plongée dans les ténèbres.
   En tous cas, quelque soit le jugement définitif des hom-
mes, il a été précédé d'une appréciation plus haute : l'em-
pereur et le père ont comparu; l'action a été pesée à la
balance infaillible. Disons sur celte majesté en poussière la
belle et miséricordieuse parole d'un poète :
    « Ne cherchons pas plus avant dans ses œuvres; car il
nous faudrait arracher ses fautes de l'asile redouté où elles
reposent dans un tremblant espoir : le sein de son père et de
son Dieu! » (1).
    On a aussi reproché avec amertume, à l'empereur François,
les rigueurs du Spielberg. Je ne veux point les nier. Eh !
comment révoquer en doute ce que démontre avec tant de
vérité poignante et de résignation chrétienne Silvio Pellico,
dans cet admirable livre qui ri a point d'esprit ! comme me
disait un écrivain qui en a beaucoup (J. Janin).
    Pourtant, on peut relever, dans les faits mômes qui se
rattachent au prisonnier célèbre, quelques circonstances dont
il faut tenir bon compte au monarque. M. Pellico, si je m'en
souviens bien, avait été condamné à mort, à Venise, pour
avoir fait partie d'une société secnèle, condamnation bien
vénitienne, digne du conseil des Dix, mais qui donna lieu sans
doute à l'intervention clémente du souverain, puisque la
peine capitale fut commuée en quinze ans de réclusion dans la
prison d'état. Il est encore juste de rappeler que cette peine,
odieuse sans doute, mais enfin diminuée une première fois,
fut de nouveau réduite une seconde: arrêté en 1820, à
Milan, M. Pellico sortit du Spielberg en 1830. Ce sont bien
 là des allégements qui doivent sans doute compter au monar-
que qui a cependant, lui aussi, subi, dans cette triste affaire,
une sévère condamnation aux yeux du monde.
  (i) C.ray. Etegy in a country church-yaril.