page suivante »
VOYAGE A VIENNE. 371 bien que modeste, dont on doit tenir compte aujourd'hui. Nous n'en sommes plus à ces effervescentes rivalités na- tionales qui accréditaient de regrettables jugements que notre époque doit réformer. Après les vindictes contemporaines, faisons calme et bonne justice de postérité. Parmi ces pâles personnages, déjà presque effacés de nos souvenirs, qui n'ont jamais eu nos sympathies, qui ont tou- jours manqué de ce séduisant relief de gloire militaire si puissant sur nous, il faut compter et honorer, en seconde ligne, ce petit-fils de la grande Marie-Thérèse, cet empereur François Iï d'Habsbourg, que ses infortunes, après tout, recommandent à nos respects. L'adversité est, pour les sou- verains, une seconde et amère consécration qui ne lui a pas manqué. Je sais que sa conduite envers Napoléon, son gendre, peut être blâmée. Je crois qu'il restera là -dessus de sévères jugements, et je fais, à ce sujet, les réserves de l'histoire. Cependant, même sur ce fait, où, du point de vue français, il paraît avoir failli, il faudra encore tenir compte des diffi- cultés de position, des exigences inexorables de la politique, des devoirs de la couronne envers les peuples, et plaindre, en définitive, le père en le condamnant. En même temps peut-être, les Autrichiens, de leur côté, loueront le monarque qui a fait un si douloureux sacrifice à son peuple. Tandis que, par devers nous, l'histoire exercera de hautes censures, peut-être, de l'aspect autrichien, admi- rera-t-elle une de ces âpres vertus antiques que le monde ne comprend plus. Rarement les actions des hommes sont bien vues de près; il leur faut les siècles pour horizon et l'avenir lointain pour juge. Quant aux actions des souverains, comme on les voit de bas en haut, l'erreur est facile dans l'appréciation qu'on en fait. Sur ces ardus sujets où s'exercent les controverses des nations, l'histoire doit craindre de faire