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340 CABINET DE M. TRIMOLET. ses corporaiions de Paris, les fermaillers. On déployait un grand luxe dans l'ornement de ce bijou. A chaque page dans les romans de chevalerie, il est question de « ferrnail moult adorné de pierre- ries ». Ces agraffes étaient souvent données en présent ; la reine Clémence , femme de Louis le Hutin, laissa par son testament au comte d'Alençon, son fermail qui était le plus beau et le plus riche qu'il y eût en France. Plusieurs conciles défendirent l'usage des fermails aux clercs. C'est encore aujourd'hui une règle de discipline chez les anabaptistes, de ne point porter d'agraffes à leurs habits. Cette défense ne fut probablement dans l'origine qu'une mesure somptuaire. Le cabinet de M. Trimolet est riche en travaux d'orfèvrerie do dif- férents genres. A côté desfiligranesde Gênes, on voit une de ces montres ovales qu'on appelait Å“uf de Nuremberg, à cause de leur forme et du lieu où on les fabriquait. Une précieuse cassolette véni- tienne d'un travail exquis, des tours de col ou carcans, des pendants d'oreilles, des drageoirs se mêlent à des bagues de deuil, d'alliance, et à nombre de bijoux précieux par la matière et le travail, et dont aujourd'hui on ignore l'usage ; ainsi d'un évêque tenant un suaire, exécuté en or repoussé, d'une dimension microscopique et d'un travail si parfait qu'on serait tenté de l'attribuer à Caradosso de Milan, maître de Benvenuto Cellini ou à Cellini lui-même qui excellait dans ce genre. De tout temps, l'orfèvrerie avait reçu en France de grands encou- ragements ; dès le règne de Saint-Louis, elle avait été constituée en corps; sous Philippe VI, elle fut honorée d'armoiries; son écusson portait de gueules à la croix d'or, accompagnée de deux couronnes et de deux coupes d'or, à la bannière de France en chef. Plus tard , sous Jean I er , l'orfèvrerie eut une chapelle à Paris sous l'invoca- tion de Saiut-Éloi. Au XVe et XVIe siècle, les orfèvres étaient consi- dérés comme de véritables artistes ; sous François 1er, Benvenuto Cellini, Caradosso de Milan et Lautizio de Pérouse, produisirent des chefs-d'Å“uvre en ce genre. Au XVHe siècle, Claude Ballin fut l'artiste à la mode ; il exécuta des ouvrages d'une magnificence extrême, dont malheureusment il ne reste guère que les dessins ; on les fondit pour subvenir aux dépenses de la guerre. C'est Ã