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CABINET DE M. TRIMOLET. 341 Delaunay, neveu de Ballin, qu'on doit ces dessins qu'il obtint do (aire avant la destruction, à jamais regrettable, de toutes ces merveilles de l'art. Après Ballin, vint Jean Varin dont on a quel- ques beaux vases; avec lui on peut nommer Pierre et Thomas Ger- main, AuroJIe Meissonier, de Turin, peintre, sculpteur et orfèvre du roi ; Bourquet, Briceau, Barié et Ducauroy. On a, de l'époque de la renaissance, des travaux en fer aussi re- marquables par leur exécution, que les meilleurs produits de l'orfèvrerie. M. Trimolet a recueilli des couteaux, des étuis de ci- seaux, des agraffes de ceinturon, des dagues très habilement tra- vaillés. Il possède un fermoir d'escarcelle en fer ciselé, qui est le type et la perfection du genre ; rien de plus délicat et de plus élégant que les petites figures sculptées qui ornent ce fer- moir. Une garde d'épée à coquille, dont les ornements sont en argent, offre les mêmes mérites de dessin et d'exécution. Citons encore des boîtes à mèches ou cartouchières en fer estampé ; des targettes venant du château d'Ecouen, des casques, des hal- lebardes en fer gravés à l'eau forte. En fer forgé et battu , une armure complète avec son mantelet, pièce rare, d'une exé- cution très soignée ; la gorgière ou gorgerin, fort épaisse et sans articulation, peut aussi couvrir le visage. Ces deux pièces indiquent une armure de tournoi, du XVI® siècle. Citons encore des pommeaux de pistolets et des râpes à labac, en fer bronze et damasquiné, en or e.t en argent ; pendant les premiers temps de l'impôt talion du tabac en Europe, chacun faisait sa provision en carottes, et les plus grands seigneurs râpaient eux-mêmes leur tabac. Dans le roman de Gil Blas, (peinture fidèle des mœurs du XVile siècle), lorsque le héros se présente chez Don Malhias de Silva, iJ le trouve se balançant pa- resseusement sur soi; fauteuil en râpant son tabac. Les râpes que nous avons vues chez M. Trimolet, ont certainement appartenu à un seigneur ou à une dame de la cour de Louis XIV ; Se goût du temps est surtout empreint dans les ornements de l'un de ces petits meubles en ivoire, sculpté avec un art infini. Devant ces œuvres que l'on doit peut-être à de célèbres sculpteurs, on ne peut s'em- pêcher de songer avec étonnement à la variété et à la souplesse prodigieuse du génie de la plupart des grands artistes d'autrefois,