Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                    CABINET DE M. TKIMOLET.                        335

faits qui révèlent l'existence d'un art dans le pays où il devait pren-
dre un si grand développement.
   Dès le temps de Saint-Ëloi, la tradition fait exister des émailleurs
à Limoges. Comme au XII" siècle, nous y trouvons des fabriques
établies, rien ne s'oppose à ce que l'on tienne la tradition pour
vraie. En Orient, à Constantinople, il existait aussi des manufactures
d'émaux considérables ; bien qu'on les distingue sous le nom d'é-
maux byzantins, on doit dire que les émaux grecs ne diffèrent pas
notablement, et l'on sera moins étonné de cette ressemblance lors-
qu'on saura que, au XIIIe siècle, des artistes grecs travaillaient à Li-
moges, ainsi que le témoigne l'inscription suivante gravée sur un
calice conservé au musée du Louvre :
                      Alpais me fecit Lemovicis.
    Parmi les monuments les plus curieux de cette époque, sont les
objets d'orfèvrerie émaillée, que, suivant les chroniqueurs, Saint-Co'
lu m ban donna à l'église d'Auxerre ; la croix d'or du roi Lombard
Agilulf et la croix d'or pectorale des évêques de Monza, où Jésus-
Christ est peint en émail bleu, ouvrage du Ville siècle. A cette épo-
que appartiennent aussi les ornements émaillés de la couronne
de Chailemagne aujourd'hui à Vienne. Dans le siècle suivant, nous
citerons les incrustations analogues de l'épée de Saint-Maurice à la
basilique ambroisienne de Milan. Au Xe siècle, Théophile, moine
lombard, donna, dans un ouvrage intitulé : de diversarwm artium
 schedula, les procédés de la peinture sur émail usités de son temps.
 Il reste un monument précieux de cette époque, c'est la crosse de
 l'évêque de Chartres, Ragenfroi, mort vers 960; le pommeau et le
 montant de la volute de cette crosse sont décorés de quatre sujets
 tirés de l'histoire de David ; le nom de l'artiste qui les exécuta s'y
 trouve indiqué dans l'inscription :
                      Frater ViUelmus me fecit.
    Dans le XIfc siècle, la peinture en émail produisit le portrait en
 pied du comte d'Anjou, Geoffroy Plantagenet, aujourd'hui au musée
 du Mans. Ce bel émail a environ deux pieds de hauteur sur un de
 largeur. La plupart des bahuts ou coffrets servant de reliquaires,