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334 CABINET DE M. TRIMOLET.
Terburg, mais peint plus grassement, et, Ã notre avis, plus beau que
Terburg ; une vue d'un pont sur le Tibre, donnée à Asselin, qui
a rarement fait mieux.
Parmi les objets les plus importants que renferme le cabinet qui
nous occupe, il faut citer une collection de magnifiques émaux. On
appelle émail un verre coloré par des oxides métalliques et rendu
opaque par l'introduction d'une certaine quantité d'oxide d'étain
dans la masse de l'émail; on fixe l'émail sur un corps appelé exci-
pient, qui a varié de nature à diverses époques. Cet art prit nais-
sance chez les Phéniciens et passa eu Egypte, où bientôt de nom-
breuses fabriques exécutèrent des statuettes de dieux, de rois et
une infinité d'objets recouverts d'un émail de plusieurs couleurs,
mais spécialement d'un émail vert ou bleu. De la Phénicie et de
l'Egypte, sources de toute la civilisation grecque, l'art d'émailler
passa en Grèce, où il se perfectionna rapidement ; on choisit les mé-
laux pour servir d'excipient et on tailla sur la surface des creux
dont les arrêtes formaient un dessin quelconque, puis, en remplis-
sant ces creux d'émail de différentes couleurs, on obtint des résul-
tats assez importants par leur dimension et par leur exécution.
Ce procédé, par infusion de l'émail dans les creux du métal, dura
jusqu'au XlYe siècle, alors on cessa de pratiquer des interstices
dans l'excipient ; on le recouvrit en entier d'une couche d'émail
blanc sur lequel on peignit avec des couleurs vitrifiables que l'on
identifiait ensuite à la masse même de l'émail par l'action du feu ;
(elle est encore la manière de peindre eu émail usitée de nos jours.
L'art de l'émailleur parvint à Rome à un point assez élevé de per-
fection ; les émaux romains sont nombreux et fort remarquables.
On trouva, en 1824, dans le comté d'Essex, un tombeau romain dans
lequel était un vase de bronze du meilleur goût comme forme, des-
sin et choix de couleurs. Enfin, pour terminer ce qui nous reste Ã
dire sur les émaux dans l'antiquité, il faut parler des émaux gaulois.
Philostrate, dans ses Images, dit «que les Gauloisétendent des couleurs
sur l'airain et qu'elles y adhèrent par l'action du feu. » Depuis, la
vérité de cette assertion a été prouvée par la découverte qu'on fit
à Marsal (Meurlhe), en 1838, de colliers gaulois en bronze, dont
l'un est orné de rosaces d'un émail verdâtre. Tels sont les premiers