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AVTCfi. 321 de sa propre substance, ne renouvelant le sang éduen que par le sang éduen, cette reine sans diadème a perdu la puissance, mais a reçu en dédommagement la paix et sait jouir du seul bien qui lui reste. Autun se défie des innovations, des appa- rences et des promesses; protégée par ses montagnes, ses chemins rocailleux et négligés, contre l'invasion des causes qui ruinent ailleurs l'esprit de commune et de famille, le pa- triotisme local, le culte des souvenirs, les respects populaires, l'indulgence politique, les coutumes traditionnelles, cette ville est, par excellence, la ville du repos, des calmes études, de la religion et des loisirs ; en elle se sont réfugiés, comme dans un réservoir commun, tous les vieux instincts, toutes les vieilles amours du peuple bourguignon. Qui sait si, un jour, dans le cataclysme des croyances, les cités du genre de celle-ci ne seront point appelées à régénérer leurs voisines ? — Lyon sauverait la France; Autun sauverait la Bourgogne; car, avec des mœurs et une vie bien différentes, l'une et l'autre se res- semblent par la foi et le cœur. Autun est, après Arles, Nismes et Vienne en Dauphiné, la ville du monde qui ressemble le plus a Kome. Malgré son âpre climat, son ciel de fer, ses austères et druidiques paysa- ges, les antiques mœurs romaines y ont survécu. Comme dans la cité des Césars, il y a là , de grandes places silencieuses et mornes, des herbes bruissantes dans les rues, tout un peu- ple unissant l'indolence a la fierté, couché au soleil d'hiver à l'abri des ruines, des tronçons de colonnes de granit, d'im- portants débris semés sur cette terre de grands souvenirs. Toute la plaine qui s'étend au nord-ouest d'Autun, rappelle- rait, je le répète, les plages de YÂgro romano,si l'énergie inculte d'une sauvage nature ne refoulait l'attentiomde l'observateur vers les âges celliques. L'architectonique latine même y vient encore lutter contre les frimats et les rigueurs du ciel. Ainsi dans le quartier le plus ancien de la ville, dans celui où sont 21