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320 ATJTDN.
nertie tu dors ton sommeil, ou regardes, en tes heures de
réveil, celte plaine hérissée sur laquelle reposent tes pieds,
plaine toute vêtue de ta tremblotante image, et terminée au
nord-ouest par les sauvages montagnes du Morvan. Quelle
immense harmonie de teintes et de profilations entre ces d é -
bris, ces amphithéâtres de maisons si variées de forme et de
position, et ces rudes paysages qu'assombrissent les bruyères
et les genêts ! Oh ! combien saisissant et étrange est le ta-
bleau de cette ville de campagne, où trois grands âges écrits
sur les monuments ou les ruines se marient à une mâle et
primitive nature !
L'aspect extérieur d'Àutun est unique en France. Tout est
confus dans son ordonnance générale : c'est une ville étagée
et grimpante, noire et triste dans sa forme, déchiquetée,
taillardée, anguleuse, variée, presque aussi abrupte que les
granits et les montagnes qui l'ombragent. A l'intérieur,
couleur vraiment fossile dans certains quartiers, cité éche-
velée, incohérente, maussade môme, comme tous les pou-
voirs qui ne sont plus, coupée d'immenses jardins, d'espaces
vides et champêtres, comme on en trouve à Arles, Poitiers
et Bourges. Dix mille habitants à peine ont leur tente dans
une enceinte qui contiendrait aisément deux cent mille ci-
toyens convenablement abrités. Toutefois, les indigènes doi-
vent se féliciter de leur destinée. Ce vénérable reste celtique
et gallo-romain de l'antique métropole de la république
ôduenne, caché dans nos montagnes de Bourgogne, n'étant
traversé que par une seule route royale, n'ayant jamais de
soldats stationnés dans son sein, n'étant le foyer d'aucune in-
dustrie et d'aucun commerce, éloigné de trente à trente-cinq
kilomètres de la contrée vignicole où les mœurs ont peu r é -
sisté aux influences dépravées du siècle, ayant de rares points
de contact avec les étrangers, les aimant peu, étant hostile h
toutes les idées de mobilisation et de négoce, ne vivant que