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288 VOYAGK A VIENNE,
conservée en grande vénération, avec des vases sacrés et des
ornements précieux h divers titres.
On raconte que, dans une de ses occupations de Vienne,
Napoléon entendit parler de la relique vénérée et du riche
couvent. Tout à coup on apprit qu'il était désireux d'avoir ce
trésor sacré : le conquérant s'élait pris d'un grand goût pour
ce bois saint.
A cette nouvelle, le couvent fut plongé dans la consterna-
tion. Que faire ? Aucune résistance n'était possible.
On fit une neuvaine pendant laquelle le vainqueur fit, de
son côté, une demande impérative.
On expose le Saint-Sacrement...
Arrive un ordre de livrer la relique.
On négocie alors ; on parle d'offrir une somme...
Mais, fi donc ! de l'argent pour un trésor que tout l'or
du monde ne pourrait payer ! Les indignes moines !
On augmente la somme...
La. vénération de l'empereur augmente dans la même
proportion. 11 avait pour la sainte croix une dévotion exaltée
et ruineuse. Le héros des Croisades, le pieux Bouillon, n'eut
pas attaché plus de prix à celle conquête.
Enfin les bons religieux déchirèrent leurs vêtements, se
couvrirent de cendres, quittèrent leurs bottes à la hussarde,
et vinrent, pieds nus, présenter, celte fois, une énorme ran-
çon, cette raison suprême des abbayes riches.
L'issue de cette grande négociation resta secrète. Nul ne
put dire ce qu'il advint. Ruses de conquérant et ruses de
moine ont des profondeurs insondables !
On dit seulement que, sur ces entrefaites, il s'éleva de
l'abbaye de Sle-Croix un immense cantique d'action de
grâces qui montait vers le ciel.
El il y eut une grande joie dans le couvent.
A peu de distance s'élendent les immenses possessions du