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VOYAGE A VIENNE. 289 prince de Liechtenstein. C'est bien là l'Autriche ; la ferre est aux princes et aux moines. Il est impossible d'avoir des domaines plus vastes et plus pittoresques. Dans ce terrain accidenté, dans ce large paysage, tout semble disposé pour l'effet et le contraste. Les vallées sont riches, riantes et variées. Les sommets qui les dominent sont tantôt âpres et sourcilleux, tantôt accessibles par des pentes douces et de verdoyants contours, quelquefois boisés, quelquefois dénudés et rocheux, toujours couronnés de vieux châteaux qui ont un sens pour l'histoire, un effet pour le paysage. Quand il n'y a pas de ruines, le prince en fait. C'est ainsi qu'auprès d'une villa toute moderne, il en a construit d'immenses, toutes neuves, qui m'ont rappelé Ces vieux ponts nés d'hier, et cette tour gothique, Ayant l'air délabré sans avoir l'air antique. Mais cette fois l'artifice n'est pas impuissant et grossier ; il est au contraire très-habile et d'un grand effet. La ruine n'est pas mesquine et magnarde comme on en voit dans les parcs clôturés ; elle est vaste et formidable, en rapport avec cette grande nature, elle a je ne sais quoi de grave et de sincère que je n'avais jamais vu dans ces impostures. Et puis elle est, pour ainsi dire, autorisée par les autres vieilles ruines qui couronnent chaque sommet, montagnes élevées, très sé- rieuses et point factices : la fatigue qu'on éprouve à les gravir ne laisse aucun doute a ce sujet. Vis à vis ce mont, à peu de distance, toujours au môme propriétaire, car les montagnes, les vallées, les villages se jouent à l'aise dans ses possessions, est un pic élevé où le prince a fait aussi une construction à sa manière, mais d'un genre bien différent. C'est un petit temple antique par la forme, consacré à un souvenir de guerre. Les 21 et 22 mai 1809, sur la rive gauche du Danube, 19