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220                        DE LA FOI.

dans la philosophie. Mais ni les institutions ni les hommes
n'ont entièrement rendu le vieux levain qu'ils tenaient de
l'antiquité. On voit, dans le bas peuple, parce qu'il est trop
voisin de l'état de l'esclave, et dans l'opulence, parce qu'elle
 a conservé tous les instincts du maître, se former aujourd'hui
encore un ensemble assez nombreux pour qu'on lui ait con-
servé son ancien fc>m de Monde.
    La Société a pour base trois vertus, la foi, l'espérance et
la charité : parce qu'elles ont le ciel même pour objet. Le
Monde a pour base trois vices, le doute, la présomption et
l'égoïsme : parce qu'ils ont pour objet la terre. On sait que
la Foi a nommé capitaux les sept péchés qui lui sont en op-
position : l'orgueil, l'avarice, la luxure, l'envie, la gourman-
dise, la haine et la paresse. Ce ne sont point là des entités ;
 tous ces vices sont vivants. Réunissez ceux qui les portent,
 leur ensemble fait le Monde. Il est vrai que l'ordre écono-
mique manquera sous eux !
    Le riche dissipe en frivolités le revenu que l'ouvrier sue son
sang à recueillir; et l'artisan passe une partie des six jours
 à dévorer ce qu'il avait acquis dans l'autre. Courant après
leurs convoitises, le premier confie de tendres enfants à la
main subalterne, qui les corrompt ; le second les abandonne
 à la misère, qui les détruit. Et leur race est bientôt perdue.
Enfin, vient un dernier qui se tient hors de la famille pour
mieux souiller les droits sacrés du genre humain. Le luxe,
l'ivrognerie et la débauche forment les trois zones du Monde.
    Par le fait du Monde, la corruption individuelle se main-
 tient à l'état public. Et c'est là le grand malheur. Le mal,
pour les hommes, n'est certes pas de se réunir, mais de fuir
les devoirs sacrés de l'homme et de la famille. Ne dites pas
le Monde est ici, où il est là. Le Monde n'est pas, comme
on le croit, selon le rang que l'on occupe, de danser dans
un salon ou de boire en un cabaret, mais d'apporter là sa