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DE LA FOI. 221 vie. Le Monde n'est pas à l'extérieur, mais dans toutes les dispositions terrestres de l'ame. 11 n*y a que deux alternatives : le Monde ou la famille. Vivez-vous dans celle-ci, en en remplissant les devoirs, vous n'appartenez pas au Monde ; vivez-vous dans celui-là , en en suivant tous les plaisirs, vous n'êtes plus à la famille. Le Monde perdra toute famille. Comme si la fwiille le voulait, elle détruirait le Monde. Le Monde n'est positivement ni dans les salons ni dans les tavernes, mais là où la famille est absente ; ni dans les as- semblées ni dans les fêtes, mais là où Dieu est oublié; ni dans les jeux ni dans les joies, mais partout où la vanité gouverne, où la vertu est ennuyeuse, où le vice est bien reçu, l'humanité outragée, l'égalité offensée, et la faiblesse mé- prisée. Le Monde, c'est notre corruption ; il est conséquem- ment partout où elle se prépare et se propage. Ce qu'il y a de plus malheureux, c'est que tous les gens livrés au Monde, les riches avec les pauvres, constituent ex- térieurement un ensemble ; d'un bout à l'autre de ce public s'établit une opinion, et devant cette opinion vient se défendre tout ce qui a fui ce grand tribunal des peuples modernes qu'on appelle la Foi. Le fait se passe continuellement sous nos yeux : La Foi ne parle que de Dieu, le Monde le garde en oubli ; la Foi prêche la pauvreté, le Monde n'estime que la richesse ; la Foi prêche le travail, le Monde honore l'oisiveté ; la Foi n'admire que la vertu, le Monde se divertit des vices ; la Foi proclame le devoir, le Monde n'estime que le succès ; la Foi prescrit la modestie, le Monde ne cherche que l'éclat ; la Foi honore la misère, le Monde ne méprise qu'elle; la Foi protège les petits, le Monde ne sourit qu'aux grands ; et tandis qu'elle inspire la bonté, l'humilité, la pureté, toutes ces vertus délicates qui rendent l'âme si divine, il nourrit au