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196                        DE LA FOI.

infini de pureté vers lequel toute notre nature aspire. Enfin,
elle est une vertu, puisqu'il y a évidemment du mérite pour
l'homme à aller au devant d'une certitude qui contrarie ses
penchants et ne flatte que son âme. Tout-à-fait au fond de
la Foi est l'amour.
   Pour que la Foi fut un sentiment de l'homme, pour qu'elle
fut un devoir et pour qu'elle fut une vertu, il fallait qu'elle
fut libre. Toutes les preuves logiques, je veux dire ces preuves
extérieures de la Foi, possèdent précisément une dose équi-
librée d'évidence et d'obscurité. Elles ont juste assez d'évidence
pour ceux qui veulent croire, et juste assez d'obscurité pour
ceux qui ne le veulent pas. De celte manière, c'est la volonté
seule qui fait pencher la balance.
   Il ne fallait pas que ce fui la science qui fit admettre les
vérités de la Foi : afin que dans ceux qui s'y conforment ce ne
fut point par le jugement de leur esprit, mais parla liberté de
leur cœur-, et que dans ceux qui s'y refusent, cène fut point
par une simple erreur, mais par leur concupiscence.
   Si la Foi n'était qu'une plus sublime science, préparée pour
les privilégiés de la terre, elle eût été inaccessible au genre
humain. La Foi devait appartenir à la possibilité universelle
du bien. J'ai vu, dit Confucius, des hommes incapables de
science, je n'en ai jamais vus d'incapables de vertu.
   On ne fait pas delà Foi. Ce serait s'abuser soi-même que
de compter sur la conviction dérobée. Privée de ses racines,
la Foi ne résiste pas longtemps. La Foi vient de plus profond
que la pensée. Elle se forme comme notre nature, elle s'accroît
avec le goût du bien. La Foi, c'est toute la conscience.
   La Foi n'est pas une simple vérité qu'on enseigne, c'est une
âme qui se forme. S'il ne fallait qu'éclairer les hommes, la
Foi depuis longtemps aurait couvert le globe. Car la lumière
peut prendre dans l'âme une certaine avance sur le bien. P é -
nétrant quelque temps en nous sans loucher au cœur, elle