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EN FRANCE. 175
Si les tarifs modérés se sont trouvés en présence de complications
défavorables, qui ont considérablement affaibli l'action de leur bonne
influence, les tarifs exagérés ont été appliqués , au contraire , dans
les circonstances les plus capables de contrebalancer et de dissimu-
ler leurs pernicieux effets.
La surélévation des taxes a commencé à être pratiquée, en Angle-
terre, seulement au commencement de ce siècle. Or, depuis cette
époque jusqu'à nos jours, tout a concouru, dans ce pays, à favo-
riser le développement de la correspondance épislolaire. Grâce aux
admirables machines dont elles ont été dotées par Arkwright et
Watt, les industries anglaises ont pris un merveilleux essor ; le
commerce a décuplé, la population a doublé, l'instruction a pé-
nétré jusque dans les plus petits villages, enfin le goût des voya-
ges s'est généralisé. Ces causes tendaient toutes à surexciter le
mouvement des lettres. On a vu que celle impulsion a été neutra-
lisée en partie par l'exagération des tarifs.
C'est peut-être l'exemple de la France qui entraîna l'Angleterre
dans le système des taxes exagérées. La France, en effet, a eu le
triste avantage de s'avancer toujours la première dans celte voie
onéreuse et irrationnelle. Seulement, les conséquences nuisibles de
l'exagération des taxes ont été plus promptes et plus tranchées en
Angleterre qu'en France. Les causes de cette différence sont faciles
à découvrir, pour peu qu'on les recherche. L'Angleterre a commencé
en 1784 Ã perfectionner le service de son administration des postes.
L'Angleterre possède depuis longtemps des routes nombreuses bien
tracées, soigneusement entretenues. La France est restée arriérée
pour la réalisation de ces améliorations utiles, c'est tout récemment
seulement qu'elle en a été dotée. Enfin, depuis près de deux siècles,
l'Angleterre a concentré toute son énergie, toute sa politique, toutes
ses forces viîales au développement de ses industries et de son
commerce, tandis que la France était à peu près exclusivement
occupée de politique. Les motifs qui excitent la multiplication et
l'activité de circulation des lettres ont donc agi plus tôt, mais leur
énergie a cessé plus tôt aussi en Angleterre qu'en France. Dès
l'année 1826, les produits bruts des postes sont restés à peu prés
stationnaires en Angleterre, tandisque ces mêmes produits, en