Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                   M. ANGELO FRIGNANI.                  147

« souffre avec résignation, et espère que lu obtiendras grâce
« devant lui. »
    Voilà par quelles apparitions chastes et belles le prison-
nier charmait les ennuis du cachot. Le corps était captif;
famé prenait son vol au dehors sur les ailes de l'imagi-
nation, et se créait ainsi des régions fantastiques, où rayon-
nait la douce image d'une sœur adorée, les figures de frè-
res bien aimés.
    Les mystiques visions de Frignani et ses lettres remplies
d'un sentiment fort exalté, l'avaient jeté sur le vrai chemin -*>•
de la folie qu'il voulait feindre, pour échapper ainsi au juge-
ment et à la mort. Aussitôt donc il se mit à fabriquer un au-
tel, à s'agenouiller profondément, et à faire à haute voix une
confession générale où se heurtaient les fautes les plus
extraordinaires, en morale comme en politique. Il y avait à
travers tout cela une excursion au miljeu des délits les plus
imaginaires el les plus biscornus. Puis ensuite, c'était le
chœur des psaumes, à lue-têtes, et un raisonnement ana-
 logue.
    Pendant qu'il préludait à cette pénible folie, Frignani vit
mourir un pauvre jeune homme dont l'histoire est bien tou-
chante, et montre ce qu'il y aurait d'utile, de nécessaire à \
ce que la religion se gardât soigneusement d'empiéter sur I
le domaine de la politique. L'infortuné Gaelano Rambelli,
de qui un prêtre, un évoque sollicitaient l'aveu de ses fautes,
 avant le moment fatal, ne voulût entendre à rien, parcequ'il
 voyait ses bourreaux dans les collègues de ceux qui se pres-
 saient autour de lui. Et pourtant, son ame nourissait une foi
 vive, qui avait alors besoin de consolations. Gaetano saisit
 avec ardeur le crucifix que portait le confesseur, et le couvrit
 de baisers jusque sur l'échafaud. C'est une douleureuse et
  tragique péripétie que la mort funeste de ce meunier Spadini,
 qui l'insultait à ses derniers moments.