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146                 M. ANGELO PRIGNAM.

second, un troisième'jusqu'à ce qu'il en eut abondamment.
Comme contraste, on rencontre aussitôt de sombres et hideu-
ses figures de gardiens, telle que celle de ce Finina, qui
n'avait pour le prisonnier que des paroles d'insultantes raille-
ries, telle que celle encore deZajnpjeri.
    Depuis près de deux mois, Frignani était sans nou-
velles de sa famille. Il écrivit donc, et au risque de voir ses
lettres retenues aux oubliettes, il les écrivit comme le cœur
coulait. Dans l'une d'elles, il racontait un songe plein de
grâce :
    « Il y a trois nuits, ma sœur Marie m'apparut. Qu'elle
était belle ! comme elle était simplement ornée ! elle avait une
robe qui descendait jusqu'aux pieds, et qui était blanche et
légère, ceinte au milieu du corps. Sur la tête, une guirlande
de roses, et une coiffure de vierge avec ses cheveux tout
luisants d'or. Elle avait les pieds et les bras nus ; son visage
était si aimable et si angèlique que c'était une beauté. Elle
s'élevait en haut,-et huit anges faisaient comme une couronne
 autour d'elle. Je la regardais avec cet amour et ce respect
qu'inspirent les choses saintes. Et je demandai à quoi elle
était réservée en paradis, puisque je la voyais honorée d'un
 si beau chœur d'anges? — Elle alors, avec un visage agréable
et doux, qui avait en même temps quelque chose de res-
pectable," me répondit qu'elle était des anges les plus choisis
 et les plus aimés qu'il y eût là-haut. Mais les anges que je
 voyais autour d'elle, c'étaient mes frères : Voilà Romulus,
 voilà Charles, voilà Diego ! puis elle me nomma ainsi les au-
 tres un à un, les montrant du doigt. Puis elle ajouta : « Et
 « lu crois que tes frères l'abandonnent dans tes infortunes !
 « Nous ne cessons d'implorer pour toi l'aide de notre Sei—
 « gneur, et, grâce à lui, nous venons t'annoncer que long-
 « temps encore tu seras prisonnier; à la fin, tu t'en iras li-
 « bre, et reconnu innocent en toutes choses. En attendant,