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                       VOYAGE A VIENNE.                       139

     Il y a encore là une voiture tristement historique , voiture
 française, qui porte le nom de Jacquin, si je ne me trompe,
 et qui avait été faite pour le sacre de l'Empereur et Roi
 Napoléon, à Milan. Elleaeu de longs jours de repos; mais voilà
 encore que l'Empereur Ferdinand l'a fait dévier quelque peu
 de sa destination première en s'en servant pour son sacre à
 Inspruck. Voilà bien ces Empereurs d'Autriche: ils n'ont
 rien de grand par eux-mêmes; mais ils savent emprunter
 quelque oblique reflet aux grandeurs passées; ils savent faire
 servir à leurs projets qui vaut mieux qu'eux, et s'en vont se
 faire sacrer ça et là, partout où se trouvent les fragments épars
 de leur empire décousu !
     Sous les mêmes hangards délabrés, parmi ces hautains
 carrosses de gala, sont les traîneaux de parade, famille prin-
 cière qui vit pêle-mêle en pleine entente cordiale. L'un de
 ces derniers véhicules porte encore ce grand nom de Marie-
 Thérèse qui s'attache à tout ce qui a de l'éclat en ce pays.
 Plusieurs de ces traîneaux de luxe ont été faits pour les fêles
 que le dernier empereur donna, avec tant de magnificence et
de joie, aux souverains alliés, après la chute de l'Empire
 français.
    Ils avaient bien, il faut le dire, quelque raison de se ré-
jouir, ces potentats ! Aussi Vienne, cette ville de plaisirs, ne
vit jamais pareille fête, pareille affluence d'illustrissimes, de
têtes couronnées, gracieuses, rayonnantes et jubilantes. Cette
capitale débordée était en proie à toutes sortes de monarques
vainqueurs. Les empereurs se rencontraient au Praler, les
rois se congratulaient en pleine rue ; la Russie faisait de petits
signes d'amitié à la Prusse d'un bout du théâtre à l'autre ;
les impératrices et les reines, les archiduchesses et les prin-
cesses, les trônes et les dominations se heurtaient dans les
bals-oùflamboyaientles feld-maréchaux, encore en harnais
de guerre, et où se montrait M. de Metternich dans toute sa