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130 VOYAGE A VIENNE. garten) attenant au palais. J'y fus frappé d'abord à la vue d'un petit monument grec dont le vaste jardin fait encore ressortir l'exiguilé. C'est une copie exacte, dans de petites proportions, du temple de Thésée, à Athènes. C'est la destination qui a commandé la forme; car ce monument, tout juste assez grand pour contenir le beau groupe de Thésée et du Minolaure, n'est autre chose qu'un magnifique étui. Il fallait bien au demi-Dieu son temple à Vienne comme à Athènes, sauf à se passer du ciel de l'Attique et à remplacer le mont Hymette par le Kalenberg ! Et pourquoi l'Allemagne, après tout, n'emprunterait-elle pas des temples à la Grèce, qui lui emprunte des rois ! Le roiOthon n'est-il pas aussi dépaysé à Athènes que le temple de Thésée à Vienne! Ce groupe de marbre blanc, l'œuvre, d'autres diraient peut- être le chef-d'œuvre de Canova, avait été commandé à ce grand artiste par l'empereur Napoléon, qui le destinait a sa bonne et belle ville de Milan, ce qui a fait que l'empereur François l'a donné à sa belle et bonne ville de Vienne. Un empereur se fait rarement le continuateur des projets d'un autre. Quoiqu'il en soit, ce marbre colossal est beau. Thésée est sur le point de tuer le Minotaure qui se défend comme un monstre. Le héros combat avec la massue: c'est l'arme an- tique, l'arme ennoblie par Hercule, et, d'ailleurs, on ne tue point un Minotaure avec un pistolet de poche. La rage et la douleur de la lutte sont bien exprimées dans le monstre à demi terrassé; mais le héros combat comme un demi-Dieu sûr de vaincre, quoiqu'un Dieu tout entier, un des grands Dieux de l'Olympe n'y parût pas de trop. Bien que rehaussé et grandi par la noblesse de sa stature et la vigueur plus qu'humaine de ses formes, on ne conçoit guère sa victoire, quand on consi- dère la masse énorme du monstre. Mais qui peut chercher la vérité dans la fable? Les Minotaures réclameront s'ils veulent