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 112                  MONOGRAPHIE HISTORIQUE

furent aussi peu disposés pour cette mesure que les Prieurs
de Nantun et les évoques de Belley.
   Les chartes de franchises étaient données par les seigneurs
en grande solennité et reçues par les populations, avides
de liberté, avec d'ardentes démonstrations de joie. C'était
une cérémonie civile, célébrée sous les auspices de la religion
suivant l'usage du temps. La communauté étant assemblée,
au son des cloches, flans la nef de l'église paroissiale, les sei-
gneurs, ses nobles vassaux et son châtelain réunis dans le
chœur avec les notables et les syndics de la ville, le curial
déroulait la pancarte et en donnait lecture. Après quoi, le
seigneur, en présence de ses chevaliers, coram militibus (1),
la main sur le livre des Évangiles, jurait, pour lui et ses
successeurs, d'observer et de défendre les immunités par lui
octroyées (2). Les syndics, à genoux, recevaient la charte
revêtue de son sceau.
   Suivi de toute la population poussant des cris de joie et des
vivat, le seigneur se rendait au château, où, sans doute, était
préparé un banquet auquel étaient conviés les syndics et les
notables. C'était un beau jour pour nos pères et pour les sei-
gneurs heureux du bonheur de leurs sujets. Ces syndics qui,
précédemment aux franchises, représentaient les bourgeois
pour traiter avec les châtelains et les baillis des affaires de la
communauté, pour impétrer de leurs seigneurs des grâces
ou pour réclamer contre des charges et des exactions, devin-
vent les premiers magistrats municipaux dans les bourgs
affranchis, cessant d'être administrés par les châtelains,
pour s'administrer eux-mêmes.
                                             P.   GUILLEMOT.


  (i) Franchises de Baugi'.
  (2) Et perjuramentum supra sancta Dei evangelia prestitum à nobis, pro-
millimus attendcre firmiter el servare Franchises de Sajssel.