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                   HOME AP SIÈCLE D'AUGUSTE.                         91
 lumière, la peinture de Rome monumentale nous paraît constituer,
 sous tous les rapports, la valeur suprême de cet ouvrage. Pour
 les grands résultats de l'histoire, et surtout pour les causes qui
 les ont produits, pour le caractère fondamental des magistratures
 et des institutions, M. Dezobry avait un rival terrible dans Montes-
 quieu. Il a lutté contre lui avec toute l'erudilion acquise depuis
 la mort de ce grand homme, et l'on peut dire que le nouveau pu-
 bliciste s'est toujours tenu au niveau de sa matière ; mais enfin,
 il y avait là un antécédent glorieux, et un prédécesseur qui avait
touché un sujet analogue avec son sceptre d'or. Pour la description
 des mœurs intimes, pour le côté ridicule des coutumes, pour l'as-
 pect bouffon e! trivial de cette même société romaine, et les mille
 détails dont se composait alors l'existence, les littérateurs un peu
 versés dans la lecture des comédies et des poésies légères, dans
 celle des grammairiens et des lexicographes, ont rencontré plus
 d'une fois les traits principaux et les dessins du monument épar-
 pillés sur le chemin de l'antiquité. Mais ce que rien ne saurait
remplacer, ni pour eux ni pour personne, ce qui constitue l'origi-
 nalité propre du livre de M. Dezobry, c'est une série de lettres
dans lesquelles Rome est véritablement arrachée de son tombeau et
 rendue à une vie nouvelle. La main du temps et celle des bar-
 bares ont eu beau abattre ou mutiler la plus grande partie des
 édifices qui ornaient autrefois la capitale du monde ; ils reparaissent
à nos yeux avec leur splendeur primitive, leur grandeur exacte, et
 leur vieille destination. Armé du compas des géomètres et de sa
baguette magique, le nécromancien se promène au milieu des
ruines; elles s'agitent à sa voix, secouent la poussière qui les cou-
vraient depuis quatorze siècles ; les ronces et les décombres dispa-
raissent : la pierre va se poser sur la pierre ; le prodige d'Amphion
se renouvelle ; Rome est ressuscitée ; vous marchez dans ses rues
et sur ses places ; vous entrez dans la maison de Mamurra dont
vous admirez la somptueuse ordonnance ; vous descendez la voie
sacrée, au milieu des dames romaines, des licteurs et des oisifs ;
les temples s'ouvrent devant vous; les slatues se rangent sur leurs
bases, les colonnes sous les voûtes réparées. Vos yeux se lèvent
avec étonnement sur ce temple de Jupiter Capitolio, « majestueux