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                  ROME AU SIÈCLE I» AUGUSTE.                       89
 société romaine, et ces hommes non moins curieux de leur parure
 et de leur beaulé que des femmes.
     Insistons sur ce dernier trait de mœurs par un emprunt plus
étendu; vous croiriez lire quelquefois les Caractères d'un Théo-
 phraste romain :
     « On les appelle les beaux. Vous connaissez un beau à ses
 doigts ornés de bagues; presque toutes les articulations en sont
 chargées ; il en a quelquefois six à chaque doigt, et davantage.
 En hiver, ces anneaux sont d'un poids énorme ; en été, d'une ex-
 trême légèreté. Vous le reconnaissez encore à ses mains, à ses
 bras et à ses jambes polis à la pierre ponce, et dont pas un seul
 poil n'altère la blancheur ; à sa chevelure soigneusement peignée,
 et parfumée de Dard, de baume ou de cinnamome ; à son menton
 imberbe ou couvert d'une barbe touffue, dans ce pays où aucun
 homme ne porte sa barbe ; à la longueur de sa tunique et aux
 manches qui couvrent ses bras, et même sa main presque entière ;
 enfin à l'éclat de la pourpre et à la finesse du tissu de sa toge, qui
se fait aussi remarquer par son ampleur exagérée. Quelquefois
 il se drape dans un lacerna brun, vêtement militaire qu'un reste
d'habitude des guerres civiles a mis en usage, et que beaucoup
 de citoyens portent de préférence à la toge. Enfin un beau, h ne
 le considérer que dans sa parure, est, pour me servir d'une ex-
 pression romaine, un homme fait à l'ongle, c'est-à-dire parfait.
     " Barrus est le type de cette espèce: il a une célébrité dans
 son genre, et dès qu'il paraît, les regards des jeunes filles se di-
rigent sur lui. Barrus parle d'un (on mou et languissant, et gras
 seye en parlant. Aussi à son aise en public que chez lui, il fredonne
 les voluptueuses chansons de Cadix et du Nil.
    « Ses gestes semblent réglés par la musique. Assis en désœuvré
pendant tout le jour au milieu d'un cercle de femmes, il a toujours
quelques mots à leur dire à l'oreille. Il reçoit, il écrit, il expédie
de tous côtés de tendres missives. 11 sait l'anriant aimé de chaque
femme, court les soupers, et récite de mémoire la généalogie
des plus fameux coursiers du Cirque. Barrus a toujours une chaus-
sure dont la peau lui presse bien le pied. 11 change plusieurs
'ois de laticlave dans la même journée, et se croirait presque