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              DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS.                    79

   Les jolis paysages de M. Allemand ont le tort de trop r e s -
sembler à ceux d'Achard ; nous préférons ses pastels qui
n'imitent personne.
   La vue de Saint-Tropez de M. Pessonneaux, est d'un aspect
vrai ; c'est bien la couleur du pays : les arbres sont bien faits,
le ciel et les fonds très jolis.
   M. Ouvrié dont nous avons eu plusieurs fois l'occasion de
louer le talent, nous a donné une toile qui fera tort à sa r é -
putation ; c'est froid, t e r n e , et sans qualité aucune.
   M. Troyon prend le paysage tel qu'il s'offre à lui, quelque
soit la pauvreté de la ligne générale; avec les accidents vul-
gaires de ses terrains, dans la couleur monotone de sa végé-
tation, avec la silhouette en boule ou en fuseau de ses a r b r e s ;
il lui laisse toujours son accent particulier ; seulement il
sacrifie trop l'effet à l'harmonie, défaut assez rare pour qu'on
le lui compte pour une qualité.
   Les paysages de M. Hostein sont un peu froids d'aspect et
peints trop systématiquement; mais nous sommes cependant
forcé de les préférer à cette foule de tableaux qui, sous prétexte
de ton haut-monté, nous montrent la nature tantôt bleue,
tantôt jaune, ou une nature métallique comme celle qu'a
adopté M. I. Flachéron, dont le terrain, la végétation ressem-
blent à du cuivre découpé à l'emporte-pièce.
   L'École à la quelle appartient M. Flandrin a pour symbole
de sa foi: faire gris, ne pas modeler et copier la nature sans
choisir; cet artiste a adopté un genre incolore, encore plus
mou et plus terne que ne le veut l'Ecole elle-même. Comme
nous n'avons jamais vu la nature exceptionnelle qui l'inspire,
nous nous abstiendrons de la juger.
   Le paysage de M. Servan^ d'un vert un peu trop uniforme,
où la lumière s'éparpille trop, a de jolis fonds, mais les figu-
res ont des prétentions mal justifiées; les arbres sont mal
massés, laids de formes. Nous demanderons à quoi bon cette
flaque d'eau où brille un reflet du ciel plus bleu que le ciel
lui-même.