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             DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS.                    73

nature, lui impose son cachet, son sentiment. Parmi les
différents aspects qu'elle lui p r é s e n t e , il préfère les plus
agrestes, les traits heurtés, les teints hâlés, les haillons pica-
resques. Son talent a d'abord eu la Bretagne pour mère ; il
s'était épanoui là comme en terre natale ; ses premières inspi-
rations y avaient germé et fleuri tout naturellement ; tous
ses tableaux naïfs sentaient cette bonne provenance. Aujour-
d'hui il quitte la Bretagne pour la Suisse ; mais c'est à peine
une infidélité, tant l'artiste a choisi ses nouvelles amours res-
semblantes aux anciennes. Donnez à ces bons Suisses qui
s'ébattent joyeusement des jupens ou des hrayes ; remplacez
la clarinette par un biniou et rien n'y manque* voilà les gars.
Quoiqu'il en soit, les groupes sont bien étudiés, les costumes
fidèles. M. Leleux a mis dans celte scène les dons et les qua-
lités dont il a déjà fait preuve, un sentiment exquis de vérité,
une forme nette et précise, un pinceau facile et sûr ; mai»
comme la critique ne saurait perdre ses droits, nous lui r e -
prêcherons un peu de dureté dans la couleur et un peu d'in-
décision dans la perspective aérienne des plans.
   Le désir d'imiter M. Leleux a un peu dépaysé les Muletiers
navarrais de M. Hédouin; dans ces haillons affectant une cer-
taine élégance, une prétention vaniteuse à la draperie, on
pressent bien le voisinage de l'Espagne, mais la froideur de
la lumière, la crudité de tons rappellent bien plus la Bretagne
que la Navarre.
   Nous avons de Lepoilevin une petite page spirituellement
faite, pleine d'une couleur charmante et d'un aspect vrai, la
figure de Bacuisem, bien posée, est pleine d'expression naïve;
hâtons-nous de dire qu'il n'y a que cela de naïf dans l'œuvre
de Lepoilevin.
  M. Guillemin, l'auteur justement admiré de La lecture, petite
perle exposée l'année dernière, a été moins bien inspiré dans
Un jour de bonheur. C'est toujours le même pinceau fin, déli-
cat, la même couleur solide et harmonieuse, mais on dési-
rerait un dessin plus soutenu , une expression plus vraie;