Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
kk                       DES CRÈCHES
mol des soins qu'un enfant réclame, va t elle devenir, comme
par enchantement, une pépinière de bonnes nourrices ?
   Eh! quoi, va-l on me dire, vous oubliez que la nature a tout
prévu. Elle a donné aux animaux l'instinct de soigner leurs
petits, de les abriter, de les défendre. L'homme n'a rien à
leur envier^ ce n'est pas lui qui doit se pleindre du lot qui
lui est échu dans la création. A cela je réponds que les ani-
maux sont renfermés dans le cercle étroit de leurs instincts,
que leurs actes sembient, jusqu'à un certain point, le produit
d'une force aveugle. L'homme a reçu en partage l'intelligence.
Celte intelligence étend la sphère d'action de toutes ses
facultés et lui donne ia liberté d'agir. C'est un instrument qui
peut entre ses mains produire le bien et le mal. Appliqué à
la question dont nous parlons maintenant, il peut faire
descendre l'homme au dessous de la brûle, mais il peut l'éle-
ver à une hauteur à laquelle elle ne pourra jamais prétendre.
Eh! bien, je dis que, dans l'étal actuel de notre population
en France, et si vous le voulez dans notre ville, cette intelli-
gence est un instrument dangereux et qu'une femme peut
moins élever ses enfants que ia chienne, la louve ou la brebis.
Oui, il faut de l'intelligence pour élever un enfant; il en faut
pour toucher ses membres délicats, il en faut pour l'habiller
convenablement, pour ne pas le garotter sous prétexte de le
vêtir, pour le coucher, pour le garantir du froid et de la cha-
leur; il en faut pour comprendre ses cris, pour le nourrir, pour
le soulager quand il souffre; il en faut pour s'adresser à un
homme de l'art quand il est malade, au lieu de courir d'abord
chez le sorcier.
   Mais non seulement il faut de l'intelligence, il faut encore
une intelligence spéciale pour cela. Ce n'est pas pareequ'une
femme brillera dans les salons, parcequ'alle aura une conver-
sation agréable, la mémoire bien ornée, la repartie vive et
heureuse qu'elle sera apte à élever ses enfants. Ce que de-
mande celle importante fonction, c'est une tendresse que
rien ne rebute; c'est un jugement droit, chose plus rare qu'on