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               ET DE L'ALLAITEMENT MATERNEL.                   45
 ne pense; un talent d'observation, qui n'est pas plus commun,
 et une fermeté assez grande pour faire taire le sentiment et
 laisser agir la raison. Il est si vrai que tout cela n'est pas si
 commun qu'on a l'air de le croire et que cela ne se devine
 pas, que les familles riches ont soin de prendre au moment de
 l'accouchement une garde ou une domestique qui ait le savoir
 et l'expérience nécessaires. Mais notre état social a cela de
singulier, qu'il demande d'autant plus à l'individu, qu'il peut
 moins donner. La femme riche a une cuisinière, une femme
 de chambre, une couturière, une nourrice, une bonne d'en
fants; la femme pauvre doit être tout cela, elle doit tout
 savoir et on ne lui a rien appris. Aussi vous savez comment
elle s'en lire.
    Vous devez conclure de là que je n'approuve pas davantage
le système actuel, qui consiste à envoyer les enfants dans des
villages plus ou moins éloignés en les confiant à des nourrices
mercenaires. La femme qui nourrit son enfant à la ville
l'expose à une foule d'accidents, mais au moins elle a des
voisins qui l'aident, des gens éclairés qui îa conseillent, des
secours de tout genre en cas de maladie. Lors même qu'elle
n'a reçu aucune éducation, son intelligence s'est développée
par le contact journalier de gens intelligents, par l'influence
seule du milieu dans lequel elle est placée. Mais, à la cam-
pagne, c'est l'ignorance poussée jusqu'à la sauvagerie, c'est le
préjugé, la superstition à la place du plus vulgaire bon sens.
C'est une nourriture plus grossière avec la même malpropreté,
la même incurie, la même imprévoyance. La mère s'en
va-t elle travailler au champ, ou bien elle emporte son nourris-
son avec elle, et il reste exposé tout le jour aux intempéries,
ou elle le laisse à la maison, et alors elle le confie à d'autres
enfants. C'est une petite fille de sept ou huit ans qui doit
veiller sur cet enfant au berceau, de là ces accidents inouis
que les journaux nous rapportent chaque jour. Ici c'est un en-
fant qu'on a laissé tomber clans le feu ; là, c'est un autre qui
a été mangé par les cochons, écrasé par un cheval, assommé