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              ET DE L'ALLAITEMENT MATERNEL.                      43

savez dans quels bouges infects, obscurs, habitent la plu-
part des ouvriers. Vous savez que, loin de multiplier les
soins de propreté en raison des nécessités de leur profes-
sion, ils n'ont pas même ceux qui sont indispensables.
C'est là que pulullent, avec une prodigieuse fécondité, tous
ces insectes parasites, fléau des premiers degrés de l'échelle
sociale. Vous avez visité ces demeures, et vu leurs malheu-
reux habitants, dévorés par ces hideux animaux, la peau noire
de leurs piqûres, privés de ce sommeil si nécessaire aux pa-
rents qui travaillent, aux enfants qui se développent. Vous
savez qu'un grand nombre ne se nourrit que d'aliments gros-
siers, malsains ou insuffisants, qu'ils passent à chaque ins-
tant des privations aux excès. Que l'incurie, la négligence,
leur font oublier les précautions les plus vulgaires pour leur
sanlé, et que leur intelligence, sans développement, sans
éducation, les rend inhabiles à tout ce qui est en dehors du
travail mécanique auquel ils sont condamnés. Non, ce n'est
pas pour eux que l'hygiène est faite, et ses préceptes auront
l'air d'une arrière ironie, tant qu'ils s'adresseront à cette foule,
accablée par des travaux au-dessus de ses forces, et abrutie
par la misère et l'ignorance, ces deux compagnes insépara-
bles.
   Enfin, s'il est vrai qu'une nourrice doit être calme, intel-
ligente, attentive, tendre, qu'elle doit surtout avoir l'amour
des enfants, croyez-vous que ces qualités soient si communes,
que vous puissiez pousser toutes les mères à nourrir. Oh! non,
il faut avoir le courage de le dire, il en est peu qui rem-
plissent ces conditions. Les unes ont une tendresse qui les
rend incapables de loul. Les autres une froideur qui n'est
pas moins dangereuse. Le plus grand nombre manquent de
savoir et surtout de jugement et de raison. Ne parlons pas
des mères dénaturées, je reconnais qu'elles sont rares, mais
celles qui ont cette passion aveugle, sans frein, sans réflexion,
sont-elles moins dangereuses. Celle foule innombrable, élevée
dans l'ignorance la plus absolue, à qui on a jamais dit un