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   Voici comment M. Germain juge la manière littéraire de
 notre illustre compatriote:
   « Beaucoup de recherche, un emploi fatiguant de métaphores,
un abus continuel de l'antithèse et de l'esprit, l'amour excessif
de la forme, tels sont en général les défauts de Sidonius. Ces
défauts, nous les avons remarqués dans les panégyriques, où
ils ressorlent avec d'autant plus d'éclat., qu'ils se trouvent
souvent au milieu de morceaux qui ne manquent ni d'énergie
ni de beauté. Us sont peut-être plus frappants encore dans les
lettres. Si, comme Sidonius le reconnaît, letonmale de la prose
repousse l'exubérance des richesses poétiques, quoi de moins
simple que les expressions potor Mosellœ et bibilor Araricus,
pour désigner les habitants des bords de la Moselle et de la
Saône ? Quoi de plus ampoulé que l'exorde de la lettre des-
tinée à accompagner l'éloge d'Eurik ? A quoi bon ces fréquen-
tes oppositions d'idées et de mots qui ont l'air de vrais tours
de force, comme, par exemple, dans le tableau des mœurs de
Ravenne ou dans le portrait de Seronalus? Pourquoi même
ces allusions, ces pointes, ces calembourgs ? Y a-t-il donc de
la honte à parler d'une manière intelligible ? Si les contem-
porains de Sidonius pouvaient à peine le comprendre, si Ru-
ricius avait besoin, pour pénétrer le sens de ses écrits, du
secours de son fils Apollinaris, faut-il s'étonner que Pétrarque
se soit plaint de leur obscurité, et que les modernes aient
reculé devant les difficultés d'une traduction rigoureuse ? Il
est vrai que le style de Sidonius est un peu celui de son
temps, et que la responsabilité ne lui en appartient pas tout
entière. Sidonius est loin de justifier ses prétentions à l'ori-
ginalité. Écho du passé en littérature comme en politique, il
semble chargé de continuer les traditions romaines, afin d'en
rattacher la chaîne à celle du monde nouveau. Aussi se croit-
il obligé de marcher sur les traces des anciens. Il imite dans
ses poésies les écrivains du beau siècle, Virgile et Horace, et
surtout ceux de la décadence, Stace et Claudien. De même,
dans ses lettres, il se propose pour modèles Pline et Synv