page suivante »
285 plorons, sans blesser les lois établies. Le changement insi- gnifiant, en apparence, de la seule couleur de la langue, dans le noble animal qui est notre symbole parlant, dérouterait tous les blasonneurs, et donnerait un démenti formel, non seulement aux livres héraldiques qui l'ont traité avec honneur, mais encore aux monuments de tous temps et de tous genres où il a été peint, sculpté, coulé ou frappé. Le chef de France qui l'accompagnait jadis, suffisait pour le séparer de tous les lions possibles, présents, passés, et futurs; mais , puisqu'on a jeté au rebut ces fleurs glorieuses ( crapauds, iris, fers de lance, ou abeilles), on ne peut conserver le champ qui les supportait ; si l'on veut absolument un signe de distinction quelconque, on peut ajouter au-dessus de l'écuune couronne murale qui caractérise la ville fermée, et renvoyer au-dessous dans un bandeau de fantaisie la légende niaise et verbeuse qui fait hausser les épaules aux connaisseurs. Plus d'un puritain, je le sais, s'effarouchera des tendances rétrogrades que nous paraissons favoriser, et nous accusera , en lisant ici les mots d'armoiries et defleursde lis, de vouloir rebâtir les châteaux, creuser les oubliettes, réorganiser la féodalité et rappeler le règne du bon vouloir ; mais qu'on se tranquillise, il ne s'agit que de rétablir l'usage d'une ensei- gne plus commode que les enseignes ordinaires. Les armes de Lyon sculptées et peintes au front de chacun de nos monu- ments édifieraient le passant autant et mieux qu'une longue ligne de lettres, fussent-elles onciales. 11 est bon, ce semble, que la propriété de tous soit distinguée par quelque signe de la propriété de chacun. Un écu remplirait admirablement ce but. Je ne parle pas du goût ni du style, honteusement choqués par des inscriptions comme celles-ci : Abattoir PUBLIC, pro- priété de la COMMUNE, ou bien Gendarmerie départemen- tale , Hôtel-de-Ville ; Ce pont appartient à la VILLE, etc. , enseignes qui avilissent le noble art de l'architecture, et le