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269 tact après sept siècles au moins de prospérité et de triom- phes, pour l'honneur duquel il nous octroya en 1819 une charte scellée de son grand seau de cire verte, cet écu enfin respecté par la révolution de juillet et par les orages qui l'ont suivie dans nos murs, il a été déshonoré, mutilé, sali par un de nos compatriotes, par la première de nos autorités, par le conservateur-né des traditions et des droits de la ville ! Lequel de nos maires a commis ce crime de lèse-histoire? nous l'ignorons, et ne voulons pas le savoir. Ce que nous savons, c'est qu'on l'a regardé comme une chose toute na- turelle ; on l'a tripoté comme une simple affaire de bureau, sans façon, sans pudeur. Les antiques et illustrissimes fleurs de lis de France qui couronnaient notre écu ont déplu à la municipalité, et on les a grattées. Le lion d'argent à la gueule terrible restait sur un champ couvert de sang, fier et prêt au combat, puissant par sa propre force, comme pendant les guerres de la Commune contre l'Archevêché, comme à l'époque de la bataille d'Anthon, ces deux plus beaux faits d'armes de notre histoire locale que nous sûmes fort bien accomplir sans l'assistance des rois. Mais le lion qui avait guidégà la victoire le sénéchal de Grolée et les Lyonnais, ne pouvait suffire à l'ornementation du carrosse d'un maire; on l'a enrichi encore de nous ne savons quel chef cousu d'azur, chargé d'une légende de deux vers gothiques, comme si le chef (1) était fait pour porter la devise !,.,. O Menestrier! ô d'Hozier, vous qui trônez au ciel entre les plus illustres familles de la chrétienté dont vous avez réglé les généalogies et les armes, vous qui regardiez avec amour et respect ces armoiries, juste emblème de la bravoure lyonnaise, que dites-vous lorsque vous voyez passer dans nos rues, sur nos places, la voiture du prévôt des marchands de (1) Chef, Bandeau horisoulal qui occupe !a partie supérieure de l'écu.