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    Qu'un romancier parle de blason, cela nous étonne peu,
 car de quoi ne parlent pas les romanciers ! qu'il parle mal cet
 idiome, nous le concevons encore, puisqu'il ne possède même
 pas bien le sien. Mais qu'un historien s'avise de bégayer
la langue de Menestrier, sans en connaître les premiers élé-
 ments, voilà ce que nous ne saurions approuver. Il s'agit
 de M. Alexandre Dumas.
    Nous avons lu, dans un de ses ouvrages, de belles phrases
sur les merletles (1) del'écu de Lorraine. Des merlelles, grands
dieux 1 M. Dumas n'a donc jamais vu l'écu de Lorraine, ou
bien ne sait-il pas distinguer une merlette d'un alèrionl
soyez donc un aigle! un aigle désarmé, il est vrai, mais,
néanmoins, un bel et bon aigle ; figurez en tout pays comme
un symbole illustre de la valeur; ennoblissez les armoiries
des Montmorency, des Guise, des empereurs d'Autriche,
 et des grands ducs de Toscane, pour vous entendre appeler
merlette par M. Alexandre Dumas!
   Après tout, ces profanations héraldiques nous intéressent
peu. Elles concernent des familles illustres, il est vrai, mais
qui n'ont pas de rapports avec la ville de Lyon. Gardons
notre désapprobation pour ceux qui ont porté une main
téméraire sur les vénérables armoiries de la cité. Nous rougis-
sons de le dire, le vieil écu au lion dont l'origine se perd dans
une antiquité si reculée qu'elle est presque fabuleuse, lui
qui caractérisait déjà notre patrie lorsque Rome commençait
à peine à montrer ses légions aux Gaulois, et qui figurait
sur les médailles d'Antoine frappées dans Lugdunum ancien,
lui qui a donné peut être son nom au Lugdunum de nos jours,
le noble emblème du courage de nos pères armés pour la
défense de leurs libertés, cet écu que Louis XVIII trouva in-

  (1) Oiseau vu de profil, sans bec ni pattes. Il paraît être de la famille des
canards.