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268 Qu'un romancier parle de blason, cela nous étonne peu, car de quoi ne parlent pas les romanciers ! qu'il parle mal cet idiome, nous le concevons encore, puisqu'il ne possède même pas bien le sien. Mais qu'un historien s'avise de bégayer la langue de Menestrier, sans en connaître les premiers élé- ments, voilà ce que nous ne saurions approuver. Il s'agit de M. Alexandre Dumas. Nous avons lu, dans un de ses ouvrages, de belles phrases sur les merletles (1) del'écu de Lorraine. Des merlelles, grands dieux 1 M. Dumas n'a donc jamais vu l'écu de Lorraine, ou bien ne sait-il pas distinguer une merlette d'un alèrionl soyez donc un aigle! un aigle désarmé, il est vrai, mais, néanmoins, un bel et bon aigle ; figurez en tout pays comme un symbole illustre de la valeur; ennoblissez les armoiries des Montmorency, des Guise, des empereurs d'Autriche, et des grands ducs de Toscane, pour vous entendre appeler merlette par M. Alexandre Dumas! Après tout, ces profanations héraldiques nous intéressent peu. Elles concernent des familles illustres, il est vrai, mais qui n'ont pas de rapports avec la ville de Lyon. Gardons notre désapprobation pour ceux qui ont porté une main téméraire sur les vénérables armoiries de la cité. Nous rougis- sons de le dire, le vieil écu au lion dont l'origine se perd dans une antiquité si reculée qu'elle est presque fabuleuse, lui qui caractérisait déjà notre patrie lorsque Rome commençait à peine à montrer ses légions aux Gaulois, et qui figurait sur les médailles d'Antoine frappées dans Lugdunum ancien, lui qui a donné peut être son nom au Lugdunum de nos jours, le noble emblème du courage de nos pères armés pour la défense de leurs libertés, cet écu que Louis XVIII trouva in- (1) Oiseau vu de profil, sans bec ni pattes. Il paraît être de la famille des canards.