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de travail de l'esprit. L'accroissement seul de la richesse peut permettre d'étendre, de développer l'éducation et d'éclairer davantage les volontés par un développement plus grand de l'intelligence. Le développement de la richesse ne constitue pas sans doute le développement moral, mais il le sert et il le prépare. Quand la vie matérielle sera garantie et assurée à chacun, alors seulement chacun pourra s'appliquer aux choses de l'intelligence, alors seulement cette immense par- tie du genre humain, déshéritée aujourd'hui par la misère du patrimoine de la science, se trouvera appelée à en re- cueillir sa part. De l'association de tous les intérêts, agricoles et matériels, il résulterait pour une commune d'énormes avantages, le travail, au lieu d'être rebutant comme il l'est aujourd'hui, pourrait être rendu attrayant, voilà des vérités que M. Victor Considérant a parfaitement démontrées et qui demeurent acquises à l'économie politique. Ces vérités semblent avoir fait quelque impression sur la foule. Mais en môme temps qu'on s'accordait à reconnaître combien un tel état de choses serait supérieur à ce qui existe actuellement et combien la réalisation en serait désirable, on ajoutait que la réalisation en était impossible. Tel est, en général, l'anathôme que pro- noncent certains esprits contre toutes les théories nouvelles. Le monde des rôves et des chimères commence pour eux audelà du cercle étroit dans lequel leurs idées sont ea- fermées. Cependant la sagesse la plus vulgaire doit nous enseigner à ne pas trop nous hâter de juger impossible, dans 'a pratique, ce que nous jugeons excellent dans la théorie. Combien de choses qui ont été déclarées impossibles et qui cependant ont été réalisées ! Est-il une seule des institu- tions de la société actuelle qui n'ait existé à l'état d'utopie, et dont la réalisation n'ait paru à quelques-uns de nos ancêtres tout aussi impossible que ne le paraît aujourd'hui