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 à quelques esprits la réalisation de l'organisation industrielle
 et agricole dont Fourier est l'inventeur. J'ai plus de foi
 en l'avenir de l'humanité, et je pense qu'elle doit dans son
développement réaliser ces principes féconds de l'association
de tous les intérêts, de toutes les forces en un intérêt commun,
 en une force commune. Néanmoins je suis loin de partager
cette impatience avec laquelle les disciples de Fourier sou-
pirent après un essai. Rien n'est fatal aux progrès d'une
 théorie naissante, alors môme qu'elle est rigoureusement
vraie, comme les essais prématurés. Nous demandons un
essai, a dit M. Victor Considérant, et si cet essai ne réussit
pas, nous avouerons que nous nous sommes trompés. Un
tel engagement me paraît téméraire. Combien de circonstan-
ces, indépendantes de la vérité de la théorie, peuvent faire
échouer un pareil essai entrepris h rencontre des idées et
des préjugés dominant dans cette vieille société dont il sera
de toutes parts environné et pénétré.
   Ne vaut-il pas mieux attendre que la société actuelle y
soit mieux préparée par des applications partielles de plus
en plus étendues du principe de l'association ? Ne vaut-il
pas mieux attendre le jour où le besoin d'une telle or-
ganisation commencera à se faire sentir. Ce jour, les dis-
ciples de Fourier le hâteront par leurs leçons, par leurs
journaux et par leurs livres, et, lorsqu'il sera venu, avec
combien plus de chances de succès, un essai décisif ne pourra-
t-il pas être tenté ?
   Mais lorsque l'organisation phalanstérienne aura triomphé,
tous les problêmes sociaux seront-ils résolus, et l'harmonie
sera-t-elle constituée entre tous les membres de la grande
famille humaine ? M. Victor Considérant a semblé le croire.
 C'est une illusion que je ne saurais partager. Quand le
 monde des intérêts matériels aura été réglé, il restera à
 régler encore le monde des idées. Il ne faut pas croire