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Î51 moins d'efforts que les peuples n'en dépensent aujourd'hui pour s'entre-détruire les uns les autres. Telle est l'analyse des principales idées qu'a développées M. Victor Considérant dans les quatre séances qu'il a con- sacrées à l'exposition de la doctrine de Fourier. En rédui- sant la théorie fouriériste à ces termes, en la considérant seulement comme une doctrine nouvelle d'économie politi- que, comme un système nouveau d'organisation industrielle ou agricole, n'ayant d'autre prétention que celle d'associer les intérêts matériels d'après une combinaison plus heureuse que celle qui existe aujourd'hui, je ne pense pas qu'on puisse lui adresser des objections sérieuses. Ce mode nouveau d'or- ganisation industrielle ou agricole est-il supérieur ou non, à l'organisation ou plutôt à la désorganisation actuelle de l'agriculture et de l'industrie? Voilà toute la question. La réponse ne saurait être douteuse, je veux bien qu'il y ait quelque exagération dans les promesses et dans les espé- rances des partisans de Fourier, en faisant la part de cette exagération, celte théorie présente encore assez d'avantages incontestables pour attirer puissamment à elle tous les hom- mes qui ont quelque souci d'amélioration du sort de l'espèce humaine sur cette terre. Il est vrai qu'il ne s'agit ici que des intérêts matériels de l'homme, pour lesquels quelques esprits superbes, dont le corps est amplement pourvu de tout ce dont il a besoin, professent un dédain profond. Je suis loin pour ma part de partager leur mépris. Travailler à améliorer le sort matériel de l'espèce humaine, n'est-ce pas travailler à l'affranchir de la misère et de l'esclavage du monde extérieur? Le développement des intérêts matériels, loin d'être en op- position avec le développement des intérêts intellectuels et moraux, est en harmonie avec lui. Pour l'homme sans cesse obligé, sous peine de mourir par la faim, de travailler du tra- vail de ses mains, il n'y a pas de loisir, pas d'éducation, pas